Les obligations sont de retour parmi nous

Publié le 08/09/2023 à 14:30

Les obligations sont de retour parmi nous

Publié le 08/09/2023 à 14:30

Les obligations devraient une fois de plus jouer un rôle plus important dans un portefeuille bien diversifié. (Photo: 123RF)

La tendance à la croissance des actifs financiers de la dernière décennie s’est ancrée dans les indices d’actions. En même temps, les obligations semblent avoir perdu leurs qualités protectrices et n’offrir que très peu aux investisseurs en matière de diversification.

Cette situation a atteint son paroxysme en 2022. L’année dernière, le marché obligataire a connu l’une des pires liquidations depuis une génération, après que les banques centrales eurent relevé leurs taux d’intérêt de manière agressive pour contenir l’inflation. Les obligations et les actions ont chuté en tandem, remettant en question les mérites des obligations dans leur totalité en tant que catégorie d’actifs diversifiée dans un portefeuille traditionnel à 60% d’actions et 40% d’obligations.

C’est en grande partie pour cette raison que, jusqu’à tout récemment, nous n’avions qu’une très faible participation aux obligations dans nos portefeuilles multiactifs. Toutefois, les perspectives de cette catégorie d’actifs ont changé. Nous considérons aujourd’hui que les obligations offrent des rendements plus élevés et une meilleure diversification dans un portefeuille à plusieurs actifs. Nous sommes même allés jusqu’à annoncer la «renaissance» du portefeuille 60/40, alors que certains croient encore qu’il est mort.

Dans cette nouvelle réalité, nous voyons des occasions intéressantes de réaliser des rendements convenables sur le marché obligataire. Les facteurs déterminants restent la politique de la banque centrale et le degré auquel les taux d’intérêt devront augmenter pour faire baisser l’inflation. Compte tenu du rythme des hausses de taux à ce jour, il se pourrait bien que les décideurs aillent trop loin, ce qui entraînerait un ralentissement de l’économie et, par là même, un ralentissement des dépenses de consommation.

 

Le décalage avec le monde réel

À la fin de l’année 2022, les prévisions pour 2023 gravitaient autour d’un mot: récession. On dit qu’il faut généralement neuf à douze mois pour que les modifications des taux d’intérêt se répercutent sur l’économie réelle, mais nous pensons que cela pourrait durer davantage. Au Royaume-Uni et au Canada, de nombreux propriétaires ont opté pour des prêts hypothécaires à taux fixe sur cinq ans et ont tiré profit de la baisse des taux d’intérêt. Il faudra donc peut-être plus de temps pour que la hausse des taux d’intérêt se répercute sur les dépenses de consommation.

Cela pourrait être encore plus long aux États-Unis, où les hypothèques à taux fixe sur 30 ans sont le produit hypothécaire dominant, ce qui protège le revenu disponible des gens qui ont contracté ces prêts à long terme. De plus, les personnes âgées n’ont généralement pas d’hypothèque et bénéficient de taux d’intérêt plus élevés sur leur épargne, ce qui augmente leur pouvoir d’achat global.

En outre, la combinaison des salaires qui suivent le rythme de l’inflation et du niveau élevé de l’épargne des ménages a retardé les effets véritables de la hausse des taux d’intérêt sur l’économie. Le resserrement monétaire devrait toutefois se faire sentir d’ici la fin de l’année.

 

Une meilleure diversification

Au moment où l’économie se retournera enfin, on pourrait se retrouver dans un environnement difficile pour les actions.

Dans ce scénario, nous pensons que les obligations gouvernementales devraient offrir une meilleure diversification, notamment en raison de ce qu’elles ont vécu en 2022. Par conséquent, l’équipe de Newton a progressivement augmenté sa pondération dans les obligations gouvernementales et, dans une moindre mesure, les obligations de sociétés. Nous avons également réduit notre participation aux produits alternatifs et réaffecté les ressources vers le haut de la structure du capital sur le marché des obligations, compte tenu de leur attrait en tant que placements produisant un revenu.

Dans l’ensemble, nous pensons que les obligations valent de nouveau la peine, à la fois pour leur potentiel de rendement et à des fins de diversification. Selon nous, elles devraient une fois de plus jouer un rôle plus important dans un portefeuille bien diversifié.

 

(Photo: courtoisie)

Par Paul Flood, responsable des investissements en actifs mixtes chez Newton Investment Management. Newton est une société mondiale de gestion de placements détenue par BNY Mellon.

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