Feu Vincent Lemieux, pilier de la science politique au Québec

Publié le 25/07/2014 à 10:19

Feu Vincent Lemieux, pilier de la science politique au Québec

Publié le 25/07/2014 à 10:19

Sa mort est passée presqu'incognito dans les médias québécois. Seuls Le Devoir et Le Soleil lui ont rendu hommage quand il est décédé le 18 juillet, à l'âge de 81 ans. Il aurait pourtant mérité qu'on reconnaisse plus largement son immense contribution à l'analyse du Québec contemporain.

Dans un remarquable texte publié cette semaine dans le Globe and Mail -de Toronto-, la politologue Antonia Maioni, de l'Université McGill, soulignait justement qu'il a été de ceux qui ont fait de l'Université Laval un véritable repère durant les turbulentes années 1970 et 1980. Et elle mettait en évidence son apport essentiel à la compréhension des rapports entre le Québec et le Canada.

Vincent Lemieux, éminent professeur de sciences politiques, expert dans l'étude de l'opinion publique, intellectuel dans toute la force du terme, vient donc de nous quitter. Il était le dernier « maître fondateur » de la science politique au Québec, selon le titre d’un ouvrage qui lui a été consacré en 2003. Ses analyses du comportement politique des Québécois ont fait époque.

Je me permets de le saluer d'autant que j'ai été l'un de ses étudiants à la fin des années 1970. Et j'en garde un souvenir inspirant. Plus qu'un bon professeur, c'était un guide. Et les médias le consultaient régulièrement. Lors des soirées électorales, par exemple, il était naturellement un des commentateurs invités.

Pourquoi ? Parce comme ses collègues de ce qui était, à l'époque, le prestigieux département de sciences politiques de Laval, il a travaillé à décortiquer et à mettre en lumière la nature particulière du Québec sans pour autant se mouiller de façon partisane. On ne savait pas pour qui il votait et c'était parfait. Il nous apprenait à raisonner sans pour autant nous dire de quel côté pencher. Libre à nous plus tard de choisir.

Il était d'une formidable équipe comme on n'en verra plus -pardonnez-moi cette nostalgie : Léon Dion. Fernand Dumont. Gérard Bergeron. Louis Balthazar. Jean Crête. Et d'autres dont j'oublie le nom. Mais Laval était alors un phare, qui a contribué à façonner l'idée d'un Québec plus ouvert sur le monde où l'État avait un rôle à jouer. Tout ça alors que le reste du pays se demandait : « What does Quebec want ? » Le reste appartient à l'histoire.

Il était sympathique, Vincent Lemieux. Attentif aux besoins de ses étudiants, capable de bien les diriger. Discuter avec lui était un plaisir. Il n'était pas très grand mais nous savions avoir devant nous un monsieur de haute stature.

Qu'il repose en paix. Il l'a bien mérité. Avec ses collègues, il a aidé à faire du Québec une société moderne. 

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