L'entrepreneuriat, cet aimant à Québécois

Publié le 21/02/2017 à 09:48

L'entrepreneuriat, cet aimant à Québécois

Publié le 21/02/2017 à 09:48

 Il y a plusieurs dynamiques qui se manifestent de façon simultanée dans l’économie et la société actuelle et l’une des plus importantes est le fait que l’entrepreneuriat est devenu le premier choix de carrière pour l’ensemble de la population québécoise.

Les chiffres le montrent sans aucun doute : si, il y a quelques années (en 2009), environ 7 % de la population adulte québécoise songeaient à devenir entrepreneur durant sa vie, on trouve maintenant trois fois plus (21,0 %) d’individus qui y pensent sérieusement. Il s’agit là d’une augmentation désirée, mais peu attendue à ce niveau. Plus encore, le taux des jeunes (moins de 35 ans) déclarant leur intention de créer une entreprise atteint un niveau très élevé de 42,2 %. C’est sûr qu’il y a un long chemin de l’intention, même ferme, jusqu’à la mise en application de cette intention, mais il y a ici le constat d’une vraie réorientation de l’optique de l’individu lambda.

Le Québec se distinguait auparavant par des taux d’entrée (nouvelles entreprises par rapport au nombre d’entreprises existantes) inférieurs à la moyenne canadienne, résultat d’une plus faible orientation envers l’entrepreneuriat (d’autres explications existent, aussi). On peut penser qu’un changement est en train de s’opérer dans cette direction. D’ailleurs, un autre constat significatif est qu’en 2016, on a pu observer, pour la première fois, que le taux des individus qui considèrent que l’entrepreneuriat serait le meilleur choix de carrière pour leur propre personne a dépassé toutes les autres possibilités de carrière (emploi au gouvernement/secteur public, travailler dans une grande entreprise ou dans une petite ou moyenne entreprise).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce changement d’attitude, et le plus important nous semble être une meilleure connaissance de l’entrepreneuriat et ses avantages. Ceci signifierait que les années des efforts de sensibilisation et de popularisation faits par les différentes organisations, gouvernementales ou non, commencent à porter fruit. On peut notamment penser à la plateforme devenir entrepreneur, le nouveau réseau PME Montréal, la Banque Nationale ou encore la Fondation Montréal Inc. En effet, si auparavant l’entrepreneuriat était un concept plutôt «underground», il est aujourd’hui destiné au grand public. Les histoires d’entrepreneurs à succès sont bien visibles dans le métro et les forfaits de démarrage d’entreprise garnissent les abribus. Il n’y a également jamais eu autant de compétitions dédiées à l’entrepreneuriat. Pas une semaine ne s’écoule sans qu’on entende parler d’un concours d’elevator pitchs, d’un hackathon ou d’un Startup Weekend. Certains de ces concours, comme le Défi OSEntreprendre, débutent dès l’école primaire.

Au-delà des initiatives institutionnelles, un gage encore plus fort de la popularité de l’entrepreneuriat est des initiatives pour des entrepreneurs par des entrepreneurs. Vous vous souvenez de la campagne virale Montréal en poche, menée par Potloc et Poches & Fils? Elle a permis de vendre plus de 1000 t-shirts  à l'effigie des différents quartiers de la ville et ainsi donner naissance à une bourse de 3000$, avec comme objectif d’encourager des projets de commerce à Montréal. Un autre exemple provient de Front Row Ventures, un fonds d’investissement géré par des étudiants, au service d’étudiants. Enfin, que dire d’Adopte Inc., qui permet à un jeune entrepreneur d’être «adopté» par un entrepreneur aguerri du calibre d’Alain Bouchard et ainsi bénéficier de tout son savoir.

Ces initiatives démontrent que l’entrepreneuriat a définitivement le vent dans les voiles. Il reste toutefois encore beaucoup de pain sur la planche et ce pour trois raisons. Tout d’abord, le dédoublement d’initiatives fait en sorte qu’il devient parfois difficile pour un entrepreneur débutant de s’y retrouver. Pourquoi s’inscrire à ce cours de pitchs plutôt qu’à un autre? Deuxièmement, les secteurs économiques qui contribuent actuellement beaucoup dans les exportations (manufacture, TI, biotechnologies) sont moins représentés parmi les individus avec des intentions de créer une entreprise. Finalement, une fois sensibilisés aux attraits d’être leur propre patron, les entrepreneurs auront besoin d’outils concrets pour les aider à passer à la prochaine étape.

 

Par Mihai Ibanescu et Alexandre Guinovker.

À propos de ce blogue

Aux missions de recherche théorique et appliquée des universités s’ajoute désormais une mission de création de valeur pour la société. Grâce à nos recherches, nos données sur l’entrepreneuriat, grâce aux histoires des entrepreneurs que nous accompagnons, de même qu’aux voyages que nous réalisons chaque année avec nos étudiants dans les endroits les plus réputés pour leur culture entrepreneuriale, nous offrirons, deux fois par mois, un regard critique sur ce qui se fait ici (et ailleurs) en termes d’entrepreneuriat, repreneuriat et gestion des familles en affaires. Dans cette chronique, nous partagerons au grand public notre point de vue sur l’actualité entrepreneuriale québécoise.