Qui s’occuperait de vous si vous deveniez inapte ? Le mandat de protection permet de désigner en toute lucidité la personne qui prendrait soin de vous et de vos biens.
L’inaptitude, qu’elle soit temporaire ou permanente, n’est pas un sujet dont on aime parler. De plus, nombreux sont ceux qui estiment qu’il n’est pas nécessaire de prévoir des dispositions particulières, puisque leur famille et leurs proches sauraient quoi faire en cas de besoin. Mais si l’on n’a pas pris de mesures spécifiques ni choisi de mandataire, les choses pourraient ne pas se dérouler comme on l’aurait souhaité. Voici donc une excellente raison d’y penser avant, soit lorsqu’on est en pleine possession de ses moyens.
Bien choisir son mandataire
Un mandat de protection permet notamment de désigner la personne qui sera notre mandataire. Celui-ci prendra les décisions concernant notre personne et nos biens si l’on devient inapte. Il est possible de choisir un ou plusieurs mandataires pour accomplir ces différentes tâches. « On recommande aussi de désigner un substitut qui pourra remplacer le mandataire le cas échéant », ajoute le curateur public du Québec, Me Normand Jutras.
Lorsqu’on choisit un mandataire, il faut opter pour une personne qui nous connaît bien et en qui on a confiance. En effet, on ne peut pas tout prévoir dans un mandat, et s’il se présente une situation à laquelle on n’avait pas pensé, un mandataire proche de soi sera plus à même de prendre une décision que l’on aurait approuvée. « Parce qu’il connaît nos habitudes et nos façons de vivre, qu’il sait ce que l’on aime ou que l’on n’aime pas, il sera en mesure de poser les gestes que l’on aurait posés », souligne Me Jutras.
Et s’il n’y a pas de mandat ?
Qu’advient-il si l’on devient inapte et que l’on n’a pas préparé de mandat de protection ? Le processus prévu par la loi s’enclenche. Dans ce cas, après des évaluations médicale et psychosociale, une assemblée de parents, d’alliés et d’amis est constituée afin de désigner le tuteur ou le curateur.
Dans cette assemblée, on pourrait toutefois retrouver des personnes dont on n’est pas vraiment proche ou qui ne nous connaissent plus très bien ou même un ex-conjoint dont on n’aurait pas encore divorcé. Des tensions peuvent aussi apparaître au sein de l’assemblée, souvent au sujet de la personne qui jouera le rôle de représentant légal, car parfois le processus fait ressurgir d’anciennes discordes familiales. « Faire un mandat constitue donc un véritable geste d’amour pour ses proches, car on leur évitera ces difficultés possibles », fait valoir le curateur public.
Et même si l’on estime être très bien entouré, on n’a pas nécessairement abordé certains sujets plus sensibles avec les siens. Par exemple, a-t-on clairement fait connaître ses intentions concernant les soins de fin de vie ou le don d’organes ? A-t-on précisé si l’on préfère demeurer chez soi le plus longtemps possible ou au contraire être pris en charge dans une ressource d’hébergement ? Préparer un mandat dans lequel on prévoit ces situations fait en sorte que nos désirs seront respectés.
Aviser le mandataire et les proches
Une fois que l’on a déterminé qui prendrait soin de nous si l’on devenait inapte, que ce soit un membre de la famille ou un ami, il faut demander à cette personne si elle est d’accord et lui permettre de poser des questions et d’exprimer ses préoccupations. Par exemple, si la personne n’est pas à l’aise avec certaines de nos décisions concernant les soins de fin de vie, elle pourrait préférer que cette tâche soit confiée à une autre personne.
Enfin, si elle accepte le rôle de mandataire, une copie du mandat devrait lui être remise. On informe aussi les proches de l’existence de ce document et de l’identité du mandataire. Et n’oubliez pas que, si nécessaire, un mandat de protection peut être modifié en tout temps, et ce, tant que la personne qui le fait est en possession de ses facultés.
Gardez le contrôle même quand vous n’aurez plus le contrôle, et faites votre mandat !
