L'assurance médicaments : comment protéger le régime d'assurance collective

Publié le 01/08/2016 à 15:14

L'assurance collective est une composante importante de la rémunération globale. Parmi les différentes protections qui composent le régime, l'assurance médicaments retient notre attention en raison du risque qu’elle représente.

L'assurance médicaments représente souvent la plus grande dépense du régime, et les nouveaux médicaments coûteux qui font leur entrée sur le marché accroissent le risque de volatilité des coûts. Depuis quelques années déjà, les organisations sont aux prises avec d'importantes augmentations. Ce phénomène s'accentuera au cours des prochaines années, alors que les coûts augmenteront plus rapidement que l’inflation.

Facteurs attribuables à l'augmentation des coûts

Dans les régimes d'assurance collective privés, l'augmentation de la dépense liée aux médicaments est attribuable à plusieurs facteurs. Outre le vieillissement de la population, voici trois autres facteurs qui auront des impacts importants dans les prochaines années.

1- L'essoufflement des médicaments génériques

Les économies liées aux médicaments génériques sont venues donner un coup de pouce aux régimes d'assurance collective ces dernières années. Néanmoins, nous assisterons bientôt à l'essoufflement des économies générées par la substitution générique, étant donné que peu de médicaments perdront leur brevet au cours des prochaines années. Les économies futures de la substitution générique ne seront donc pas suffisantes pour contrôler les futures augmentations de coûts.

2- Les médicaments coûteux

De plus en plus de médicaments coûteux font leur apparition sur le marché. Il s'agit d'une excellente nouvelle pour la société, puisqu'on peut maintenant guérir des maladies autrefois incurables, comme l'hépatite C (> 60 000 $), ou qu’on améliore la vie de gens malades, comme des gens souffrant de différentes formes d'hypercholestérolémie plus difficiles à traiter (> 10 000 $). De nouveaux traitements coûteux feront également leur apparition sous peu pour traiter des maladies courantes comme l'asthme ou les migraines.

3- Le cadre législatif

Le transfert des coûts du régime public vers les régimes privés s'est poursuivi au Québec dans la dernière année. Pensons, par exemple, à l'obligation des régimes privés de rembourser les nouveaux actes pharmaceutiques auparavant prodigués par des médecins.

De plus, le cadre législatif québécois ne permet toujours pas aux régimes privés de bénéficier de certaines mesures dont le gouvernement s'est doté pour contrôler les coûts du régime public. À titre d'exemple, nous pouvons soulever les difficultés pour les régimes privés à encadrer les honoraires des pharmaciens, ou encore le fait que les régimes privés ne bénéficient pas des économies générées par le gouvernement par la négociation d'ententes confidentielles de prix avec les compagnies pharmaceutiques.

Finalement, les différentes instances gouvernementales tardent à encadrer l'arrivée des biosimilaires, les copies de médicaments biologiques coûteux. Ces médicaments permettraient aux régimes de bénéficier d'économies substantielles.

Impact à long terme

Pour une organisation dont la dépense annuelle en médicaments est de 1 million de dollars, l’état actuel du marché prédit que cette dépense aura doublé d’ici les 10 prochaines années, ce qui représentera un coût additionnel accumulé de 4,5 millions de dollars au cours de cette même période.

Stratégie de gestion des risques

Une stratégie de gestion des risques axée sur trois volets (design et gestion, communication et prévention) devrait être privilégiée afin d'obtenir des résultats à court terme, par des changements de comportements, et à long terme, par des changements d'habitudes de vie. L'objectif est de diminuer l’inflation du régime et de gagner en efficacité financière.

Le suivi d’indicateurs de performance propres à la consommation de médicaments est essentiel pour établir une stratégie optimale. Plus d’une quarantaine de solutions pouvant appuyer la stratégie ont été répertoriées dans le marché. La plupart sont disponibles auprès des assureurs. Combinées à une stratégie efficace de gestion des invalidités, elles permettront à l'organisation de se positionner favorablement en gestion globale de la santé.

Un marché qui connaît une telle évolution impose un haut niveau d’efficacité des mécanismes de gestion du régime d’assurance médicaments. Devant cette hausse continuelle des coûts, il ne faut pas perdre de vue que le but premier des médicaments est de contribuer à la santé des employés et, en fin de compte, de la performance de l’organisation.

Texte par :

Jacques-André Morin, FSA, FICA, Conseiller principal, assurance collective

Frédéric Venne, Conseiller principal, assurance collective

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