Pourquoi la crise en Ukraine n'est pas une menace majeure


Édition du 08 Mars 2014

Pourquoi la crise en Ukraine n'est pas une menace majeure


Édition du 08 Mars 2014

Par Dominique Beauchamp

Le conflit en Crimée, qui oppose la Russie et l'Ukraine, fait couler beaucoup d'encre dans les milieux politiques et chez les passionnés de géopolitique.

Dans les faits, il risque peu de faire dérailler l'économie mondiale ou les portefeuilles, à moins bien sûr que les esprits ne s'enflamment et, avec eux, les cours du pétrole et du gaz naturel.

Les investisseurs semblent peu inquiets pour l'instant, comme en témoignent les rebonds de 1,5 % du S&P 500, de 1,8 % de l'indice mondial Morgan Stanley, de 2,5 % de l'indice DAX allemand et de 5,3 % de l'indice russe Micex, le 4 mars, après que Vladimir Poutine eut tempéré ses déclarations à l'égard de l'Ukraine.

«Le récent bond du cours du pétrole Brent n'est pas idéal pour l'économie mondiale, mais un conflit militaire est peu probable, et notre scénario de croissance mondiale reste intact», dit Stéfane Marion, économiste et stratège de la Financière Banque Nationale, qui continue de préférer les actions aux obligations dans son portefeuille modèle.

En général, les conflits de nature géopolitique ont aussi peu d'effets durables en Bourse, rappelle une compilation des chocs qui ont secoué la Bourse américaine depuis la Deuxième Guerre mondiale (voir tableau ci-dessus).

«Ce genre d'événement fournit l'occasion d'évaluer notre tolérance au risque et de vérifier si notre portefeuille est bien construit. Pour réduire la volatilité, l'investisseur devrait privilégier les grandes entreprises et les plus grands marchés», explique Andrew Beer, directeur au Groupe Investors.

En 2008, le conflit armé entre la Russie et la Géorgie avait fait reculer le S&P 500 de 1,8 % le premier jour des hostilités, le 7 août, mais la Bourse avait repris son cours dès le lendemain et s'était appréciée le mois suivant.

Le Printemps arabe de 2010, qui a fait tomber les gouvernements de l'Égypte, de la Lybie, de la Tunisie et du Yémen, n'a pas empêché le S&P 500 américain de s'apprécier jusqu'en février 2011, malgré la hausse du pétrole Brent jusqu'à 125 $ US le baril.

L'attaque chimique en Syrie de l'été dernier a aussi eu peu d'effets : le S&P a perdu 3,1 % en août 2013, avant de terminer l'année avec un gain de 30 %.

L'investisseur Warren Buffett, à la tête de Berkshire Hathaway, a écarté du revers de la main le conflit en Ukraine dans ses perspectives pour la Bourse américaine où il perçoit encore le meilleur potentiel.

M. Buffett a même révélé en entrevue à la chaîne CNBC avoir acheté des actions d'une entreprise inscrite à la Bourse de Londres qu'il n'a pas nommée, le surlendemain de l'envoi de troupes russes en Crimée.

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