Le G20 s'ouvre en pleine crise grecque

Publié le 03/11/2011 à 06:55, mis à jour le 03/11/2011 à 06:57

Le G20 s'ouvre en pleine crise grecque

Publié le 03/11/2011 à 06:55, mis à jour le 03/11/2011 à 06:57

Par AFP

Photo : Bloomberg

Les pays du G20 se réunissent jeudi à Cannes (France) sous la pression des marchés, ébranlés par la menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro, qui risque de saper les efforts de l'Europe pour endiguer sa crise et fait déjà trembler l'Italie.

"L'aspect le plus important de notre tâche au cours des deux prochains jours sera de résoudre la crise financière ici en Europe", a déclaré jeudi le président américain Barack Obama avant l'ouverture à la mi-journée du sommet des principaux pays riches et émergents. Il a salué "quelques pas importants vers une solution globale" mais attend des détails de la part des Européens.

"C'est surtout à l'Europe de régler le problème de la dette européenne", avait déjà prévenu mercredi soir le président chinois Hu Jintao lors d'un dîner avec son homologue français Nicolas Sarkozy, douchant les espoirs d'un coup de pouce immédiat de la deuxième puissance économique mondiale.

Les Européens semblent presque résignés à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro. L'Union monétaire peut "se passer" de la Grèce et l'euro peut "survivre", a ainsi tranché jeudi le ministre français des Affaires européennes Jean Leonetti, au lendemain d'un ultimatum lancé par Paris et Berlin à Athènes. Les deux poids lourds de la zone euro ont sommé la Grèce de décider lors de son référendum controversé prévu dans un mois si elle veut abandonner la monnaie commune ou pas.

La réunion sur la Croisette devait consacrer le retour de la confiance, grâce au plan de sortie de crise mis au point la semaine dernière à Bruxelles par la zone euro et à la perspective d'une contribution des grands pays émergents pour arrêter le ralentissement de l'économie mondiale.

Ce bel échafaudage s'est effondré lundi avec la décision surprise d'Athènes de soumettre l'accord européen à un référendum à l'issue plus qu'incertaine.

Or Pékin a prévenu que son aide à la zone euro dépendait justement de sa capacité à mettre en oeuvre cet accord.

Le soutien chinois peut atteindre 100 milliards de dollars, mais à deux conditions, a expliqué un haut responsable de la Banque centrale de Chine, Li Daokui: avoir la preuve de l'efficacité du Fonds européen de stabilité financière (FESF) mais aussi la garantie des pays les plus solides de la zone euro, l'Allemagne et la France, "car on ne peut pas exclure que l'affaire ne fonctionne pas".

Le FESF, ce fonds monétaire européen censé servir de pare-feu pour prévenir la propagation de la crise de la dette à l'Italie et, au-delà, à toute l'économie mondiale, a été renforcé par l'accord européen du 27 octobre. Ce même accord a été remis en question par le référendum grec.

Convoqué mercredi soir à Cannes par Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, les principaux dirigeants de l'Union européenne et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, très remontés contre son initiative, le Premier ministre grec Georges Papandréou a fait, du bout des lèvres, deux concessions.

D'abord, le référendum pourrait avoir lieu le 4 décembre, et pas en janvier comme envisagé. Ensuite, son "enjeu" sera "clairement" l'appartenance du pays à la zone euro, a-t-il reconnu.

Le couple franco-allemand avait exigé que la consultation porte là-dessus, et pas sur l'adoption du plan de sauvetage européen.

"La Grèce veut-elle rester ou non dans le zone euro?", a demandé Nicolas Sarkozy, promettant de ne pas "verser le moindre centime" à Athènes dans l'attente d'une réponse.

De concert avec le FMI, l'UE a ainsi coupé les vivres à la Grèce en suspendant à l'issue du référendum le versement d'un prêt de huit milliards d'euros dont elle a un besoin vital pour éviter la faillite. Athènes peut tenir sans argent frais jusqu'à début ou mi-décembre, selon les sources, et la date du vote a été calée en conséquence.

Mais dès la nuit de mercredi à jeudi, le compromis bancal arraché à Cannes a été remis en cause par deux ténors du gouvernement grec, dont le ministre des Finances Evangélos Vénizélos qui a pourtant participé à la réunion sur la Côte d'Azur. Dans la foulée, les médias grecs ont rapporté que le gouvernement de Georges Papandréou ne dispose plus, sur le papier, de la majorité au Parlement, où un vote de confiance crucial est pourtant prévu vendredi, deux députés ayant fait défection.

Pas rassurées par les nouvelles cannoises, les places boursières européennes, qui avaient déjà dégringolé mardi avant de souffler un peu le lendemain, ont ouvert mercredi en nette baisse.

Surtout, l'Italie, troisième économie de la zone euro et principale cible des investisseurs en cas de propagation de l'incendie, était plus que jamais sous le feu des attaques des marchés. Les taux d'intérêt que Rome doit verser pour emprunter de l'argent et refinancer sa dette colossale d'environ 1.900 milliards d'euros ont battu un nouveau record jeudi matin, à 6,4%, proche d'un niveau insoutenable.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi devait tenter de rassurer en présentant à Cannes les nouvelles mesures anti-crise adoptées in extremis mercredi soir, d'abord lors d'un mini-sommet avec ses homologues de la zone euro membres du G20 (France, Allemagne, Espagne) puis à l'ensemble des grandes puissances.

Les Européens vont aussi tenter d'expliquer à leurs partenaires du G20 le nouveau casse-tête grec.

Les principales puissances émergentes du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont réunis dans la matinée pour accorder leurs violons avant le sommet.

 

 

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