Investissement en intelligence artificielle: au-delà d'Nvidia

Publié le 16/06/2023 à 10:52

Investissement en intelligence artificielle: au-delà d'Nvidia

Publié le 16/06/2023 à 10:52

Par Courrier des lecteurs
Le logo de Nvidia

Nvidia se distingue en tant que leader mondial des processeurs graphiques. (Photo: 123RF)

Mathieu Bouthillier est président-fondateur de Bouthillier Capital (B-CAP)

COURRIER DES LECTEURS. Depuis le début de l'année, nous assistons à une remarquable reprise du secteur technologique, portée par le thème de l'intelligence artificielle (IA).

Cette reprise ne faiblit pas, alors que les « 7 magnifiques » (Microsoft (MSFT, 334,29$US), Apple (AAPL, 183,31$US), Amazon (AMZN, 126,66$US), Nvidia (NVDA, 410,22$US), Meta Platforms (META, 271,32$US), Alphabet (GOOGL, 123,83$US) et Tesla (TSLA, 258,71$US)) ont ajouté un total de 1 100 milliards de dollars américains (G$US) à leur capitalisation boursière durant le seul mois de mai dernier, ce qui représente la moitié de la valeur de l’indice phare des marchés boursiers canadiens, le S&P/TSX.

Au coeur de cette performance, Nvidia se distingue en tant que leader mondial des processeurs graphiques (GPU) utilisés dans les domaines du jeu vidéo, de l’infonuagique (cloud computing), de l'intelligence artificielle et des centres de données.

À la suite de la publication de ses résultats le 24 mai, NVIDIA a vu sa capitalisation boursière augmenter de 184 G$US en une seule séance. De manière plus large, nous constatons actuellement une tendance à inclure le plus possible le terme « IA » dans les déclarations de bénéfices et présentations aux investisseurs, cela à-travers de multiples industries.

Certains analystes comparent l'IA à la révolution industrielle. Nous sommes d’avis que son adoption sera galopante, entre autres en raison de l'environnement macroéconomique actuel: le taux de chômage est bas, le recrutement de la main d’oeuvre demeure fort, la productivité ralentit depuis deux ans déjà et le processus de délocalisation de la production manufacturière dans des pays alliés (friendshoring) et intellectuelle vers l’Ouest est entamé.

Mais au-delà d’Nvidia, quels sont les autres secteurs qui bénéficieront des retombées positives de l'intelligence artificielle? À ce jour, l’actualité et l’activité boursière s’est concentré sur les bénéficiaires évidents, soit les semiconducteurs (le groupe « GPU ») et les méga capitalisations riches en données (le groupe « data »).

Nous estimons que trois autres secteurs vont tirer profit des avancées de l'IA : les centres de données et la cybersécurité, les services de consultation en technologie et les fabricants d'équipement électrique et électronique.

Les données et l'IA entretiennent une relation symbiotique: l'IA a besoin d'une énorme

quantité de données pour son apprentissage, tandis que l'analyse des données utilise l'IA pour être plus efficace, précise et nuancée. Pour comprendre la croissance future du marché, il est important de comprendre les unités de mesure. Par exemple, 1 000 gigabits équivalent à 1 téraoctet (10 à la puissance 12) et un milliard de téraoctets équivalent 1 zettaoctet (10 à la puissance 21).

En 2022, la production de données a atteint environ 94 zettaoctets et les prévisions estiment une création de 118 zettaoctets en 2023. Selon Accenture, en 2027, la quantité de données produites sera multipliée par 150 comparativement à 2022, atteignant ainsi 14 100 zettaoctets.

Les prévisions pour 2032 indiquent une multiplication de 300 fois par rapport aux chiffres de 2027! Il s'agit donc d'une croissance exponentielle et phénoménale. Pour répondre à cette demande, nous pouvons mentionner les trois principaux acteurs dans le domaine des solutions en centres de données et de cloud : Amazon avec AWS, Microsoft avec Azure et Google avec Google Cloud. Leurs parts de marché sont actuellement divisées ainsi : 33%, 23% et 10%, respectivement.

Nous avons acquis cette année une participation dans Amazon, pour notre stratégie «Aventurier» dirigée par notre lecture macro, toujours à l’affut d’investissements thématiques, laquelle vient complémenter celle que nous possédions déjà dans Google.

De plus, il convient également de prendre en compte les fabricants de mémoires spécialisés pour les centres de données utilisant l’IA, ainsi que les entreprises oeuvrant en cybersécurité.

D’ailleurs, la semaine dernière, l’entreprise américaine leader en cybersécurité, Palo Alto Networks (PANW, 233,63$US) a fait ses débuts dans le S&P 500, à la suite de son rendement impressionnant de 60% depuis le début de l'année.

De plus, sous les prémisses d'une productivité accrue et d'une augmentation des revenus, les firmes de consultation serviront de guide aux grandes corporations pour implémenter leurs divers projets en intelligence artificielle. L'entreprise Accenture (ACN, 315,16$US) est bien placée pour profiter de la vague d'investissement des entreprises en intelligence artificielle.

D'ailleurs, l’entreprise est actuellement « partenaire IA » du réseau Amazon AWS, le leader mondial du «cloud». Accenture a récemment fait l'acquisition de Nextira, une entreprise sur le «cloud» offrant des services de pointe en ingénierie, intelligence artificielle et analyse de données. Une position dans Accenture fut récemment initiée dans notre stratégie «Défensif», prisant la croissance durable du dividende à long terme. Dans la même veine, l'entreprise canadienne CGI (GIB.A, 139,87$) pourrait bénéficier de bonnes conditions dans leur branche service-conseil en technologie.

Finalement, l’électricité étant le carburant même des technologies, nous pouvons penser que l'essor de l'intelligence artificielle et des centres de données supportera la demande croissante en énergie électrique, et ce en plus de l'électrification des transports déjà au menu… 

Selon l'International Energy Agency (IEA), en 2022, les centres de données consommaient à eux seuls de 1 à 1,5% de l'électricité mondiale.(5) Heureusement, plusieurs centres ont choisi de s’alimenter à 100% en énergie renouvelable et la technologie s'améliore pour optimiser leur consommation. Pour les composantes électriques, nous pouvons penser à des fabricants comme Eaton (ETN, 195,54$US) et Hubbell (HUBB, 321,21$US), qui devraient profiter des dépenses massives en capital pour subvenir à la demande des centres de données.

Si le service ChatGPT de Microsoft nous a fait réaliser que l'intelligence artificielle est bel et bien là pour rester, Nvidia nous a fait comprendre le potentiel de croissance incroyable pour cette technologie (pensez ici à la révision fortement positive de ses revenus prévisionnels pour le prochain trimestre). Chez B-CAP, nous pensons que c'est un « moment iPhone » pour l'IA et sommes d’avis que l'écosystème mentionné bénéficiera de cette révolution. Comme toute avancée technologique majeure, son rouage devra être peaufiné, voire encadré selon des barèmes sociaux. Une bonne gouvernance sera également requise.

 

 

*Mise en garde : B-CAP possède des participations dans certaines des entreprises citées dans ce texte, ainsi que dans d’autres titres également en lien avec le thème de l'intelligence artificielle. Ce texte n’est pas une recherche exhaustive sur le sujet et n’est pas destiné à servir de base à une décision d’investissement. Chaque lecteur doit mener une enquête jugée nécessaire pour parvenir à une évaluation indépendante d'un investissement dans les titres de sociétés mentionnés dans ces rapports (y compris les mérites et les risques impliqués).

 

 

**Mathieu Bouthillier est CFA et titulaire d’un BAA profil Finance (HEC Montréal), d’un DESS en produits dérivés (UQÀM en partenariat avec M-X) et d’une Maîtrise en Économie profil Finance (University of Edinburgh). B-CAP a pour mission de générer un rendement compétitif pour les investisseurs, principalement en développant des stratégies innovantes. La société s’intéresse particulièrement aux mandats à rendement absolu, proposant un équilibre entre protection et croissance du capital, ainsi qu’aux occasions de placement atypiques à potentiel de rendement élevé. Le gestionnaire offre également des solutions conventionnelles en placement aux ménages & entreprises fortunées, adaptées aux besoins de ses clients.

Collaboration à la recherche: Félix Rivest

 

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.