Construction, collusion et corruption: une enquête publique SVP

Publié le 16/03/2010 à 13:36

Construction, collusion et corruption: une enquête publique SVP

Publié le 16/03/2010 à 13:36

Blogue. Nos dirigeants gouvernementaux ont lancé des enquêtes policières l’automne dernier suite à des allégations de fraude de collusion ou de corruption dans le milieu de la construction. Ces enquêtes m’ont semblé un choix judicieux à ce moment mais, depuis, plusieurs événements sont survenus et rendent nécessaire la tenue d’une enquête publique. Exigeons-là.

Les nombreux événements rapportés par les médias au cours des derniers mois et même les dernières conférences de presse de la FTQ forcent une analyse plus poussée des concepts de collusion et de corruption.

PLUS Dans leur blogue, les Investigateurs financiers ont proposé que « sans liberté on obtient de la corruption ».

Tentons d’aller un peu plus loin et examinons ces concepts.

Le terme « collusion » vient du latin cum et ludere (jouer ensemble, dans son sens «moral»). Par contre, sur son versant sombre, celui qui est le plus connu et le plus fréquemment utilisé, la collusion signifie plutôt une « entente secrète et frauduleuse entre personnes en vue de nuire à un tiers ». Bien évidemment, il n’est pas de manière éthique de nuire… La collusion est immorale, non éthique et ne peut être associée à l’exercice d’une charge élective…

Il est intéressant d’apprendre que la corruption partage certaines racines avec la collusion; le terme corruption provient des mots latin cum et rumpere (rompre ensemble). La corruption est un pacte secret qui implique l’action volontaire de nuire; la corruption a comme ambition de détériorer une situation, tant moralement que physiquement, au bénéfice exclusif du corrupteur. Ce dernier séduira et débauchera une personne réputée honnête en l’amenant à agir contre sa conscience ou contre son devoir professionnel, au moyen de dons, de pots-de-vin ou de promesses… La corruption mène au moins au conflit d’intérêt ou, dans sa version extrême, à l’illégalité. En étant une forme de manipulation, la corruption est tout aussi non-éthique que la collusion et ne peut être tolérée en politique ou dans l’administration publique.

Une personne qui accepte une contribution ou une faveur peut prétendre que ces gestes sont légaux. Évidemment, certaines de ces actions peuvent être légales, ce qui ne les empêche tout de même pas d’être souvent non-éthiques ou immorales. Dans ces affaires, le secret qui entoure la commission de ces actions est un indice important quant au niveau éthique des actions en question.

La personne qui accepte des faveurs devient incontestablement redevable envers le donateur. En 2010, et c’est bien triste, plus rien n’est gratuit en politique. Surtout pas une contribution en argent liquide dans un cocktail de financement. Subséquemment, il est indéniable que la redevabilité est incompatible avec l’exercice d’une fonction élective, qui exige neutralité et objectivité.

La collusion et la corruption sont des vers qui rongent la démocratie. De grands moyens doivent être pris afin de débarrasser notre système démocratique de ce poison.

En demandant une commission d’enquête publique, j’insiste sur le fait qu’il est plus important de comprendre le système en place afin de prévenir la corruption plutôt que simplement, après coup, punir une personne corrompue. C’est la raison pour laquelle une commission d’enquête, qui examinera l’ensemble des mœurs et procédés d’affaires est préférable à une enquête policière qui ne pourra que punir des coupables sans pour autant « casser » le système en place.

Servir le public est un des gestes les plus nobles qui soient.

Donnons aux politiciens honnêtes les moyens de servir honnêtement.

Institut québécois d'éthique appliquée

Suivez-moi sur Twitter: renevillemure

 

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