Le taxi en pleine révolution

Publié le 05/11/2014 à 22:01

Le taxi en pleine révolution

Publié le 05/11/2014 à 22:01

En guise d’introduction à ce billet, je souhaite mettre de l’avant ma collaboration au projet de Mutuelle des Taxis et Limousines de Montréal (MTLM), communément appelé le "projet d’électrification des taxis”, initié par Alexandre Taillefer. Cette semaine, je fais donc une pause dans ma série de portraits d’entrepreneurs pour traiter du milieu du taxi dans lequel je suis plongé depuis le lancement de TAG Taxi en 2012. Comme je ne pouvais passer sous silence le lancement du service de co-voiturage UberX le 29 octobre dernier à Montréal, j’ai décidé de jeter un peu de lumière sur cet événement et d’en considérer les impacts sur l’industrie du taxi.

UberX
Pour ceux parmi vous qui êtes moins familiers avec le service UberX, je vous le présente en bref : c’est le service de chauffeur amateur mis en marché par Uber en 2012. La start-up californienne a mis au monde ce service en réponse à la montée en puissance de Lyft, lancée en 2012 et financée notamment par Google Ventures (qui a également financé Uber). 2 ans plus tard, UberX est devenu un axe de croissance important de l’entreprise.

Ce service de taxi amateur (appelé à tort "co-voiturage commercial") permet de mettre en relation un usager d’Uber avec un chauffeur amateur, c’est à dire un particulier qui s’est abonné au service d’UberX et qui aura fait l’objet d’un processus de sélection, prévoyant notamment une enquête sur ses antécédents judiciaires.

L’arrivée de ce service à Montréal a causé tout un émoi dans l’industrie et dans les sphères politiques la semaine dernière . Et les répercussions dans le secteur du taxi ne font que commencer à se manifester. Les chauffeurs de taxi soutiennent que ce type de service est une concurrence déloyale parce que n’importe qui peut s’improviser chauffeur, sans avoir à payer tous les frais pour être conforme aux normes du transport. Actuellement, le service UberX est considéré par le Bureau du Taxi de Montréal comme du transport illégal organisé. La question des assurances des chauffeurs demeure également une zone grise à éclaircir.

Tentons de démystifier le tout, question d’avoir un regard plus posé sur la situation.

La montée en force de l’économie collaborative
L’économie collaborative est une tendance lourde depuis 5 ans et se confirme par l’émergence d’une foule de services qui s’appuient sur la mise à contribution de biens personnels pour des fins d’exploitation commerciale. L’exemple le plus probant est celui d’AirBnb qui permet de mettre en location son logement par le biais du service de réservation en ligne d’AirBnB.

Ce principe s’applique aussi dans des modes de transport alternatifs dont Lyft, UberX, Blablacar (une entreprise européenne en forte croissance) et, plus localement, Netlift (une start-up montréalaise dont j’ai dressé le portrait dans cette chronique en octobre).

Avec son service UberX, la startup a réussi à accélérer sa croissance et à amener sa valorisation à 18,2B$ en juin 2014. En accroissant sa portée dans un marché complémentaire (le co-voiturage s’adresse principalement à un segment de la population qui ne prenait pas le taxi) et en offrant une expérience du taxi plus simple (par le biais notamment du paiement mobile), l’entreprise a mis en branle un cercle vertueux : plus de demande, plus de chauffeurs, donc des prix plus faibles via le service UberX et des temps d’attente réduits pour les usagers.

En bref, l’économie collaborative appliquée au transport n’en est qu’à ses débuts mais elle a déjà fait ses preuves dans d’autres grandes villes. Au même titre que la voiture libre-service de Car2Go, le service de co-voiturage UberX contribue à lutter contre la voiture solo en augmentant notamment le nombre de personnes qui laissent tomber leur seconde voiture ou en décourageant les détenteurs de voitures à en acheter une nouvelle ou à renouveler leur bail.

Au final, cela veut dire qu’il y aura plus de gens qui emprunteront le cocktail de transport urbain : on composera davantage avec un mix varié de modes de transport qui remplaceront progressivement la voiture solo. Vous voulez aller en ville rapidement un soir? Une solution sera de louer à la demande une voiture avec Car2Go pour y aller et, vu que vous aurez bien arrosé votre soirée, vous prendrez un taxi pour le retour.

La question qui devra être abordée n’est pas de savoir comment bloquer, voire même éradiquer ce phénomène; mais bien comment la loi devra encadrer ce type de service, particulièrement le co-voiturage commercial. Il y a une grande différence entre un particulier qui décide d’arrondir ses fins de mois en faisant du co-voiturage de temps à autres et un particulier qui s’improvise chauffeur à temps plein. C’est notamment sur cette question que les législateurs devront se pencher.

L’impact d’UberX sur l’industrie du taxi : calmons le jeu
Est-ce que l’industrie du taxi disparaîtra du jour au lendemain suite au lancement d’UberX? Je n’y crois pas une seconde. Le taxi est un service qui s’adresse à l’ensemble de la population et doit le demeurer. Certes, l’équilibre longtemps préservé dans l’industrie par rapport aux autres modes de transport en commun a été perturbé et un retour en arrière n’est plus possible. Le taxi devra désormais composer avec de nouveaux voisins qui desservent des niches distinctes : Bixi, Car2Go, Communauto, Uber, Netlift et consort.

Est-ce que le taxi perdra des parts de marché dans ce nouvel équilibre? À terme, je ne crois pas. D’une part, il y a fort à parier que la demande pour le cocktail transport sera en croissance, vu l’amélioration grandissante des services offerts combinés. D’autre part, le taxi aura à occuper sa juste place dans le cocktail transport renouvelé et à prendre la part du marché qui lui reviendra. Pour ce faire, le taxi devra rendre son service plus compétitif et attrayant aux yeux d’un public dont les comportements d’achat évoluent plus rapidement que ne l’a démontré l’industrie depuis 5 ans.

Un espoir pour le futur
L’industrie est composée de près de 11 000 chauffeurs qui sont essentiellement des travailleurs autonomes. Dans l’état actuel des choses, les chauffeurs travaillent en moyenne 12 heures par jour, 6 jours par semaine, et gagnent l’équivalent de 7.50$ de l’heure en moyenne. Avec un tel revenu, la base de l’industrie (les chauffeurs) n’a pas la capacité d’investir dans le renouvellement de son équipement (voiture, technologie) de façon à rehausser son niveau de service.

Il faudra donc des initiatives pour rehausser le niveau de service du taxi et les idées ne manquent pas. En voici quelques-unes :
- l’optimisation des déplacements des voitures pour augmenter le taux d’utilisation des voitures
- l’ajout du taxi-partage, c’est-à-dire le transport de plusieurs passagers dans une même voiture de taxi, sur plusieurs tronçons de route
- l’ajout d’un service de courrier, donc le taxi comme transporteur de colis personnels ou d’entreprises
- l’amélioration du service à la clientèle par le biais d’une formation accrue des chauffeurs
- l’amélioration de la propreté des véhicules
- l’amélioration de l’offre de transport adapté pour les personnes à mobilité réduite
- l’ajout de voitures électriques qui permettront de rendre l’industrie plus verte

Le taxi est un service de transport urbain et fait de plus partie de la structure d’accueil des touristes à Montréal. Il contribue donc à façonner notre image comme montréalais. Souhaitons-nous voir cette industrie se rehausser ou connaître un déclin? Je suis d’avis que de rehausser l’industrie est un impératif.

Et vous, qu’en pensez-vous chers lecteurs?

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