Autrement dit, les personnes – hommes comme femmes – qui ont préféré la forme de rémunération fixe l'ont fait parce qu'elles sont en général sujettes à l'anxiété, à l'insécurité et au stress. Elles se sentaient plus à l'aise si toute pression était ôtée. Elles appréhendaient de moins bien réussir si elles se trouvaient en compétition directe avec d'autres participants.
Tout cela, me direz-vous, n'explique pas a priori l'écart entre les hommes et les femmes quant au choix de la formule compétitive. Eh bien, il se trouve que nettement plus de femmes que d'hommes souffrent de Névrotisme. C'est aussi simple que ça.
Par conséquent, les femmes n'ont pas moins le goût de la compétition que les hommes. Ce n'est pas une question de sexe, mais plutôt de trait de personnalité, et en particulier de Névrotisme. Moins sûrs d'eux que les autres, les personnes au Névrotisme développé n'aiment pas rivaliser avec autrui et feront tout pour éviter ce genre de situation. Quitte à gagner moins.
Quelles implications cette trouvaille peut-elle avoir en matière de management? Plusieurs, me semble-t-il, mais au moins une susceptible de renverser des idées reçues : «Au lieu d'encourager les femmes à être plus compétitives au travail ou à l'école, on devrait plutôt travailler leur Névrotisme, afin de les rendre plus sûres d'elles, plus confiantes en leurs capacités», indiquent Mmes Müller et Schwieren dans leur étude intitulée Can personality explain what is underlying women's unwillingness to compete?
On se trompe donc de cible : au lieu de viser le Goût de la compétition, on devrait viser le Névrotisme. Et ce, d'autant plus que des études – Langelaan (2006), Kim (2009), etc. – indiquent que le Névrotisme joue un rôle déterminant dans le déclenchement d'un burnout…
En passant, Tristan Bernard a dit dans L'Enfant prodige du Vésinet : «C'est un excellent entraînement intellectuel que d'avoir en soi-même une confiance exagérée»…