Comment devenir vraiment empathique?

Publié le 22/01/2013 à 09:34, mis à jour le 28/01/2013 à 15:21

Comment devenir vraiment empathique?

Publié le 22/01/2013 à 09:34, mis à jour le 28/01/2013 à 15:21

Maintenant, plus facile à dire qu'à faire, me direz-vous. Et c'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi l'on est parfois empathique, et parfois, moins, voire pas du tout. Quand on passe devant un sans-abri, par exemple, on se met aussitôt mentalement à sa place, et l'on se dit vite fait que l'on est bien mieux à la nôtre qu'à la sienne. Ce qui arrête notre geste premier de chercher de la monnaie dans notre poche, c'est la seconde dimension de l'empathie, à savoir l'identification avec cette personne déchue, partie à la dérive on ne sait trop pourquoi : comme nous ne trouvons pas de points de connexion avec elle, nous poursuivons notre chemin, sans vergogne.

Cette explication est-elle suffisante? Non, bien sûr. C'est ce que j'ai découvert dans une étude passionnante intitulée The role of the self in perspective-taking and empathy: Ease of self-simulation as a heuristic for inferring empathic feelings. Celle-ci est le fruit du travail de deux professeurs de psychologie : John Chambers, de l'Université de Floride (États-Unis), et Mark Davis, de l'Eckerd College (États-Unis). Elle montre que trois conditions peuvent permettre de se montrer plus empathique qu'à l'habitude…

Les deux chercheurs ont procédé à quatre expériences visant à déterminer ce qui déclenchait en nous des mouvements de sympathie. Dans la première, ils ont demandé à 181 étudiants de l'Université de Floride d'écouter attentivement un extrait sonore d'une entrevue entre un thérapeute et son client, un étudiant n'arrivant pas à surmonter un problème psychologique. Les participants ont été placés, à leur insu, dans des conditions différentes :

> Pour les uns, il leur fallait se mettre à la place du client avant de répondre à un questionnaire («Au moment d'écouter l'entrevue, tâchez de vous mettre à la place du client qui...», était-il indiqué au préalable).

> Pour d'autres, il leur fallait s'imaginer eux-mêmes à la place du client, en train de répondre aux questions du thérapeute.

> Pour d'autres encore, il leur fallait mettre une distance entre eux et les personnes écoutées, afin d'en tirer une analyse "objective".

> Pour les derniers, aucune directive n'était donnée (ils représentaient ce qu'on appelle communément le "groupe de contrôle", qui permet, par comparaisons, de voir si des particularités significatives émergent, ou pas, des autres groupes étudiés).

Résultat? Très simple…

> Plus on se projette en autrui, plus on ressent d'empathie pour lui. Et inversement. (Ce qui vérifie d'ailleurs la théorie de Daniel Ames.)

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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