La fausse bonne idée de Charles Sirois pour aider les start-ups à devenir globales

Publié le 09/04/2014 à 15:49

La fausse bonne idée de Charles Sirois pour aider les start-ups à devenir globales

Publié le 09/04/2014 à 15:49

Selon Charles Sirois, les entreprises d’ici ne sont pas assez nombreuses à prendre de l’expansion à l’international.

Charles Sirois, qui s’est exprimé dans le cadre du congrès annuel de Réseau capital mercredi, considère qu’il y a un chaînon manquant dans l’écosystème de start-ups québécois. Selon le président du conseil de Telesystem, il ne manque pas au Québec de fonds en capital de risque ni d’anges financiers. Cependant, les entreprises d’ici ne seraient pas assez nombreuses à prendre de l’expansion à l’international.

Selon Charles Sirois, les entrepreneurs québécois hésitent souvent avant d’aller chercher du financement pour prendre de l’expansion à l’extérieur, notamment parce qu’ils ne veulent pas diluer leur participation dans l’entreprise qu’ils ont bâtie.

« L’entreprise qui doit financer son expansion sur les marchés extérieurs doit le faire par dilution, a expliqué Charles Sirois. Premièrement, la valeur des activités étrangères n’est pas reconnue par les investisseurs au moment du financement. De plus, si ça ne fonctionne pas, le fondateur se retrouve avec beaucoup moins d’équité [dans une entreprise qui n’est pas plus importante]. »

Charles Sirois fait valoir qu’aujourd’hui, les entreprises qui ont une présence globale sont moins risquées et que ce sont elles qui créent le plus d’emplois. Aussi, il propose que, plutôt que d'aller chercher des investissements en capital de risque, ces entreprises émettent des débentures subordonnées dont le remboursement serait lié au succès de leur expansion à l’étranger.

Bien entendu, de telles débentures seraient très risquées, sans pour autant offrir des perspectives de rendement aussi intéressantes qu’un investissement en équité. Or, Charles Sirois propose que le gouvernement mette en place un incitatif fiscal normalisant le rendement, en fonction du risque, de l’instrument. Il pourrait s’agir d’un crédit d’impôt comme celui qu’un investisseur obtient en investissant dans un fonds de travailleurs ou dans des actions accréditives.

Les débentures n’étant pas négociées en bourse, toutefois, le marché pour ces débentures pour le moins exotiques serait très limité. Je doute même qu’il y ait un marché pour ce produit, même si Charles Sirois évoque que des fonds pourraient se spécialiser dans l’achat de ce type de débentures.

Au-delà du capital, les start-ups qui obtiennent du financement de fonds en capital de risque global obtiennent un support et un accompagnement qu’ils n’auraient pas en émettant des débentures. La start-up montréalaise LightSpeed, par exemple, a vendu son application en ligne à quelque 18 000 boutiques dans le monde.

En obtenant 30 millions auprès du fonds américain Accel Partners, LightSpeed tissait des liens avec un partenaire ayant aidé de nombreuses entreprises comme Facebook, Dropbox et Kayak à devenir des entreprises globales. Certes, son pdg Dax Dasilva diluait sa participation en allant chercher du financement chez Accel, mais il reste plus avantageux de posséder 10% d’une multinationale que 100% d’un dépanneur.

Je pense que Charles Sirois a mis le doigt sur un problème réel, soit que les entrepreneurs québécois n'ont pas le réflexe de bâtir des entreprises globales. Toutefois, la solution proposée ne semble pas le remède approprié. Elle pourrait même avoir un effet contraire à celui recherché, en détournant les start-ups les plus prometteuses des grands fonds internationaux.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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