On ne peut certes pas attribuer à M. Prentice la situation financière du gouvernement, dont il a hérité en septembre 2014, ni le déclin de l'économie de l'Alberta, qui a un taux de croissance réelle estimé à seulement 0,5 % en 2015. Les raisons : l'effondrement du prix des hydrocarbures, dont la province est très dépendante, tout comme les finances du gouvernement et la chute des investissements dans ce secteur.
Cette réalité rendra la vie très difficile au gouvernement que doit constituer Rachel Notley, qui sera formé d'un caucus de 49 nouveaux élus, donc néophytes sur le plan politique et en matière de gestion des affaires de l'État. Rachel Notley a beaucoup promis : révision à la hausse des redevances tirées de l'exploitation des hydrocarbures, relèvement de 10 % à 12 % du taux d'impôt sur les bénéfices des sociétés, nouveaux taux d'impôt progressif pour les particuliers gagnant plus de 125 000 $ par année, augmentation du salaire minimum à 15 $ de l'heure, gel des droits de scolarité des étudiants, meilleur financement de l'éducation et des garderies, appui financier accru aux dépenses d'infrastructures des municipalités et du secteur de la santé.
En plus d'avoir à présenter un nouveau budget, elle doit aussi statuer rapidement sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre provenant des sables bitumineux que le gouvernement fédéral veut présenter à la réunion du G7, le 7 juin prochain.
Des militants qui devront patienter
Il est évident qu'elle devra reculer sur un certain nombre de ses promesses, surtout sur celles qui sont les plus inappropriées, compte tenu de la chute des revenus, des bénéfices et des investissements du secteur des hydrocarbures.
Elle aura aussi à faire patienter ses militants de centre gauche, dont les attentes sont parfois irréalistes, et courtiser les 59 % d'électeurs qui n'ont pas voté pour les politiques de son parti.
Elle bénéficiera d'une période de grâce, mais qui pourrait être de courte durée si les prix du pétrole et du gaz ne remontent pas et si, par conséquent, l'économie ne reprend pas. Fondamentalement, elle aura à réconcilier les valeurs de centre gauche de sa base militante et d'une population de plus en plus sensible au développement durable avec les enjeux d'une économie fondée sur l'exploitation des énergies fossiles.
Les milieux économiques et financiers se sont montrés discrets sur l'avènement du nouveau gouvernement. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas une certaine appréhension quant à l'avenir de l'économie albertaine, surtout si le prix des hydrocarbures reste bas. Il en est sans doute ainsi pour l'ensemble du pays en raison de l'importance de l'économie de l'Alberta et des revenus qu'elle procure au gouvernement fédéral et à de nombreux résidents des autres provinces.
À lire aussi:
60 secondes avec: Angelo Katsoras, premier associé à la Financière Banque Nationale