60 secondes avec: Angelo Katsoras, premier associé à la Financière Banque Nationale


Édition du 16 Mai 2015

60 secondes avec: Angelo Katsoras, premier associé à la Financière Banque Nationale


Édition du 16 Mai 2015

Par François Normand

« Si le NPD renforce les lois environnementales en Alberta, les changements seront modérés » - Angelo Katsoras, premier associé à la Financière Banque Nationale. [Photo: Michelcojanphoto]

Comment expliquer que ce soit le Nouveau Parti démocratique (NPD) - et non le Parti libéral - qui ait gagné les élections en Alberta, une province traditionnellement conservatrice ?

Même au niveau provincial, le Parti libéral est très mal vu en Alberta depuis la mise en place du programme énergétique national (PEN) de Pierre Elliott Trudeau en 1980 [adopté après le deuxième choc pétrolier de 1979, le PEN gardait les prix du pétrole au Canada inférieurs à ceux du marché mondial, au grand dam des provinces productrices de l'Ouest canadien]. Trente-cinq ans plus tard, il y a toujours de la méfiance. Les libéraux albertains ont aussi pâti d'un manque d'organisation, à un point tel qu'ils n'ont pas présenté de candidats dans toutes les circonscriptions de la province. Enfin, le NPD a aussi profité de la division du vote à droite de l'échiquier politique, avec la présence du Parti progressiste-conservateur de l'Alberta et du parti Wildrose [devenu l'opposition officielle]. C'était la tempête parfaite pour une victoire des néo-démocrates de Rachel Notley, alors que les conservateurs dirigeaient la province depuis 1971.

À quoi les entreprises qui font des affaires en Alberta doivent-elles s'attendre avec l'élection du NPD ?

En campagne électorale, les néo-démocrates ont promis de faire passer les impôts des sociétés de 10 à 12 %, ce qui est mineur. Pour ce qui est des redevances sur le pétrole, le NPD s'est engagé à les réévaluer. Mais je ne m'attends pas à ce qu'il y ait de gros changements au régime actuel, car l'exploitation des hydrocarbures est la vache à lait de la province. Si jamais le nouveau gouvernement adoptait des mesures pouvant étouffer la croissance économique, le NPD en paierait le prix, et il ne pourrait pas gagner les prochaines élections en Alberta. Je suis donc convaincu que, s'il y a des changements au chapitre des redevances, ils seront modérés. Ce sera la même chose en ce qui concerne la réglementation : si le gouvernement renforce les lois environnementales, ces changements seront modérés dans cette province qui a déjà une taxe sur le carbone.

Quelle est la pire erreur que pourrait commettre le NPD et qui pourrait nuire de façon durable à l'économie albertaine ?

Faire comme le gouvernement néo-démocrate de Bob Rae, en Ontario, au début des années 1990, qui avait beaucoup augmenté les taxes et les impôts alors que la province était en récession. La première ministre albertaine, Rachel Notley, commettrait donc une erreur si elle augmentait les impôts et les taxes trop brutalement, alors que le prix du pétrole est très bas. Elle ferait fuir les investissements et bondir le déficit de la province.

Angelo Katsoras, premier associé, Financière Banque Nationale

Il est analyste en risque géopolitique dans la division de courtage de la Banque Nationale, où il évalue les risques géopolitiques susceptibles d’avoir un impact sur les investisseurs.

> 25 % Le secteur de l’énergie compte pour le quart du produit intérieur brut (PIB) de l’Alberta. Source : Gouvernement du Canada

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