Pouliot - Sans-fil: la très étonnante sortie de Pierre Karl Péladeau

Publié le 15/08/2013 à 09:35, mis à jour le 15/08/2013 à 09:35

Pouliot - Sans-fil: la très étonnante sortie de Pierre Karl Péladeau

Publié le 15/08/2013 à 09:35, mis à jour le 15/08/2013 à 09:35

BLOGUE. Le moins que l'on puisse dire, c'est que monsieur Péladeau a le don de surprendre. On a relu deux fois le titre du Devoir: "Québecor dénonce la campagne de peur des trois grands".

Oui, oui, vous avez bien lu.

Dans une lettre ouverte à quelques quotidiens, Pierre Karl Péladeau dénonce la "campagne de désinformation" que mènent actuellement Bell, Rogers et Telus, contre l'entrée de Verizon au Canada.

Il y voit une "nouvelle entreprise d'intoxication", alors que, six ans après avoir manœuvré contre l'entrée de nouveaux concurrents dans le sans-fil (dont faisait partie Québecor), les trois grands agitent "un nouvel épouvantail à moineaux".

Il félicite le gouvernement "d'avoir eu le courage d'assumer ses responsabilités de gardien suprême du bien public, alors que les opérateurs historiques ne semblent vouloir être redevables qu'à leurs actionnaires".

Cela a porté fruit dans le passé,dit-il, avec des prix qui ont chuté de 18%.

Pierre Karl Péladeau demande cependant que l'on réserve un bloc de spectre pour les nouveaux entrants comme Vidéotron, lors du prochain encan.

Que penser de la sortie?

Plusieurs choses.

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Disons avant tout que l'on aime bien quand monsieur Péladeau prend la plume. Il a du souffle (et du soufre!). Avec Conrad Black, il est notre lecture préférée.

Là où il a raison

Le gouvernement du Canada souhaite apparemment réserver deux blocs de spectre pour Verizon sur les quatre à l'enchère.

Le vice-président de Québecor n'aborde pas de front la question. Il n'est pas clair s'il est d'accord pour une réservation de deux blocs, mais il est assurément d'accord pour qu'on en réserve un puisqu'il rappelle que les grands du sans-fil détiennent 85% du spectre mis à la disposition des opérateurs de sans-fil.

L'argument du spectre donné à rabais au géant Verizon est un des arguments de Bell, Rogers et Telus qui est effectivement agaçant. Ceux qui suivent de près le dossier savent bien que le trio veut s'approprier le plus de fréquences possible pour justement bloquer l'entrée d'un joueur qui fasse la différence au pays. Les trois grands souhaitent en fait pouvoir acheter les fréquences pour l'empêcher de bâtir son réseau, soit par manque de fréquence, soit en poussant les enchères à un si haut prix que le plan d'affaires de la société américaine n'aurait pas de sens.

Dans le contexte, Ottawa a raison de vouloir lui réserver du spectre. Déjà que l'on n'est personnellement pas très sûr qu'avec les avantages accordés, Verizon puisse vraiment faire de l'argent. On y revient un peu plus bas.

Pendant ce temps, monsieur Péladeau demande à ce qu'on réserve un bloc de spectre à Vidéotron et aux autres nouveaux entrants comme EastLink et SaskTel. Certains y verront une contradiction, mais c'est tout à fait justifié. Ottawa ne peut quand même pas punir ceux qui, il y a quelques années, avaient répondu à son invitation de venir jeter plus de concurrence dans le sans-fil. Ce serait saugrenu.

D'accord avec monsieur Péladeau jusqu'à maintenant, donc. La seule chose qui nous intrigue est sur le nombre de blocs à réserver à Verizon. Quelque chose nous dit qu'il préférerait qu'un seul bloc lui soit réservé, ce qui la forcerait à dépenser plus et affaiblirait son plan d'affaires.

Là où la sortie devient surprenante

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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