Pouliot - Le marché a peur de Cogeco

Publié le 16/01/2013 à 09:15, mis à jour le 16/01/2013 à 09:15

Pouliot - Le marché a peur de Cogeco

Publié le 16/01/2013 à 09:15, mis à jour le 16/01/2013 à 09:15

BLOGUE. À quoi faut-il s'attendre lorsque les dirigeants d'une entreprise se présentent devant leurs actionnaires avec un titre en recul de près de 30% sur l'année précédente?

À rien. Preuve en a encore été donnée, mardi, lors de l'assemblée annuelle de Cogeco et Cogeco Câble.

On aurait pu s'attendre à ce que les actionnaires posent nombre de questions sur les deux dernières acquisitions de Cogeco Câble à l'étranger, Atlantic Broadband et Peer 1. Deux acquisitions fort mal reçues par le marché, qui redoute qu'à cause d'elles, les agences de notation n'envoient sous peu les débentures au rang de junk bonds.

Pourtant, aucune question n'est venue sur le sujet.

SUIVRE SUR TWITTER:F_POULIOT

Cela ne veut pas dire que le grand patron, Louis Audet, ne sentait rien.

« Nous n'avons pas d'autres acquisitions dans les plans et allons nous concentrer sur l'intégration de nos dernières acquisitions. L'objectif est de ramener le ratio dette/BAIIA de 3,7 à sous les 3,5 d'ici le mois d'août », a-t-il notamment dit dans son exposé.

C'était répondre à la principale crainte des analystes. Nombre d'entre eux redoutaient en effet que la société ne décide prochainement d'encore ajouter de la dette à son bilan en poursuivant sur le sentier des acquisitions. Après tout, n'avait-elle pas dit, à l'été, qu'elle entendait utiliser le câblodistributeur américain Atlantic Broadband comme base de lancement pour une expansion aux États-Unis?

Malgré la déclaration de Louis Audet, le titre n'a pas bronché en journée. Le marché continue d'avoir peur.

Le marché a-t-il trop peur?

On serait personnellement porté à dire oui. Et à soutenir que Louis Audet prend les bonnes décisions.

Tous ont à l'esprit l'échec de Cabovisao, au Portugal, un câblodistributeur acheté 660 M$ en 2006, et revendu pour seulement 60 M$ en février 2012. Des erreurs du genre avec Atlantic et Peer 1, et Cogeco Câble ne vaut plus grand-chose.

À cause de Cabovisao, il ne serait d'ailleurs effectivement pas étonnant de voir les agences de notation ramener le statut des débentures de la société au rang de pacotille prochainement.

Cela ne veut pas dire qu'avec le temps les agences n'auront pas à revoir à la hausse leur recommandation, et que les investisseurs qui auront fait le pari des très faibles multiples de Cogeco (9,5 fois le bénéfice) ne seront pas récompensés.

Pas comme au Portugal

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?