Pouliot - La (très) gênante position de Metro

Publié le 30/01/2013 à 09:14, mis à jour le 30/01/2013 à 14:33

Pouliot - La (très) gênante position de Metro

Publié le 30/01/2013 à 09:14, mis à jour le 30/01/2013 à 14:33

L'an dernier, l'activiste Yves Michaud avait donné tout un spectacle à l'assemblée annuelle en réclamant que soit corrigée cette anomalie historique. On aurait pu s'attendre à ce qu'une réflexion s'en suive.

Dans ses motifs d'opposition Metro insiste qu'elle est une entreprise québécoise depuis 65 ans et qu'elle reconnaît l'importance du français dans ses communications. Elle se targue d'être le deuxième plus grand employeur du Québec et d'avoir son siège social ici. À cause de cela, plaide-t-elle, elle contribue de façon importante à l'économie du Québec, « et, de ce fait, à la vigueur de la langue française ». Elle conclut ne pas croire que l'ajout d'un accent à son nom ou sa marque de commerce ajouterait à son caractère profondément québécois.

Personne n'a jamais nié l'importance de Metro pour l'économie du Québec, ni même l'extrême compétence de ses dirigeants. Et c'est justement pour cette raison qu'elle devrait amener un accent sur sa marque de commerce. Elle a valeur de symbole pour le Québec et il est étonnant qu'elle le reconnaisse d'un côté, et en fasse étalage, tout en refusant de le comprendre de l'autre.

Une société comme Québécor a bien compris la chose l'an dernier, et a, de son propre chef, décidé d'accentuer son nom au Québec.

À l'heure où le Québec s'interroge sur la force de ses sièges sociaux, tandis que Astral pourrait être avalée par BCE et que l'on redoute que SNC-Lavalin ne glisse vers Londres, il aurait été facile pour la direction de Métro d'envoyer un signal rassembleur.

Qui aurait particulièrement bien résonné dans un paysage québécois que les marques américaines tentent d'envahir et critiquent même, pour certaines, ouvertement.

L'entêtement de la direction est d'autant incompréhensible qu'elle s'est déjà livrée, en 2010, à une opération beaucoup plus périlleuse: la conversion de toutes ses bannières ontariennes à celle de Metro.

On remarquera que jamais dans les motifs fournis la question du coût éventuel de la conversion n'a été avancée.

L'entreprise a-t-elle un œil sur Safeway Canada dans l'Ouest, et redoute-t-elle qu'un débat nationaliste ne nuise au final à ses chances de miser sur la société?

Refuse-t-elle simplement de lâcher du lest pour ne pas perdre la face devant Yves Michaud?

Ce serait un peu gros.

Moins gros cependant que de continuer à s'enfermer dans la position actuelle, avec une telle faiblesse d'arguments.

Le Médac devrait représenter l'an prochain une proposition un peu plus souple (conversion graduelle dans le temps, limitée à la province?). Dirigeants et actionnaires devraient entre-temps mieux réfléchir.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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