Pouliot - Ira-t-on en élections à la mise à jour économique, alors?

Publié le 24/10/2013 à 17:20, mis à jour le 25/10/2013 à 16:57

Pouliot - Ira-t-on en élections à la mise à jour économique, alors?

Publié le 24/10/2013 à 17:20, mis à jour le 25/10/2013 à 16:57

Nicolas Marceau, ministre des Finances du Québec.

BLOGUE. Si on ne va pas en élection sur la charte des valeurs, y ira-t-on sur la mise à jour économique?

C'est une intéressante pirouette qu'a effectué mercredi le gouvernement. Suspecté depuis quelques semaines de vouloir tenir des élections pour profiter d'un sentiment relativement favorable à la charte chez les francophones, le voilà qui bat en retraite devant l'incertitude et déclare qu'il n'y a pas d'urgence pour des élections.

Notre lecture: la balle électorale vient de passer du côté de l'opposition. À vous libéraux et caquistes de décider si on ira en élections. Ce n'est pas au Lac Taureau que se prendra la décision, mais lors du dépôt de la mise à jour économique du Québec.

Il n'y a pas de certitude sur l'ampleur du manque à gagner vers lequel se dirige actuellement la province. Certains parlent de 1G$, d'autres de 2G$.

Il y a cependant une quasi-certitude. Nous devrions rater la cible pour cette année (celle annoncée aux marchés financiers, pas nécessairement celle prévue à la loi), et constater que celle pour l'an prochain sera encore plus difficile à atteindre, notamment en raison de la nouvelle politique économique du gouvernement.

Pour cette année, la politique ne crée pas réellement d'alourdissement de dépenses. L'an prochain cependant, elle créera un trou supplémentaire de 282,1 M$ dans le budget (et des trous de 198,4 M$ en 2015-16 et de 145,5 M$ en 2016-17). Ne cherchez pas ces chiffres dans les documents gouvernementaux, on ne les y a pas mis. Mais il faudra bien les mettre dans la mise à jour.

Déjà, pour l'an prochain, il restait pour 430 M$ de mesures à identifier afin d'atteindre la cible. C'est dire que si on veut atteindre l'objectif, il y aura pour 700 M$ de mesures de compressions supplémentaires nécessaires (282,1 M$ + 430 M$). Et c'est sans compter le chemin qu'il faudra en premier lieu parcourir pour se rendre à la cible que l'on aura ratée cette année (le fameux manque à gagner spéculé de 1G$ ou 2G$). Vous voyez la somme potentiellement en jeu (entre 1,7 et 2,7 G$?).

La table est toujours mise pour des élections

Bref, dans le contexte où certains soutiennent que l'État ne doit pas compresser afin de soutenir l'économie, la mise à jour économique pourrait bien amener sur l'échiquier la question de savoir s'il faut amender la loi sur l'équilibre budgétaire.

Et même si un débat ne devait pas porter sur un amendement à la loi, on voit mal comment, devant l'ampleur des mesures à prendre, la question de la confiance dans le gouvernement pourrait être évitée.

La table est toujours très bien mise pour le déclenchement d'élections.

Ce n'est pas en mars, lors du prochain budget, qu'arrivera la discussion économique ouvrant la porte à un renversement de gouvernement. C'est dans quelques jours.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?