Pouliot - Hydro-Québec exagère, temps de discuter avec son député

Publié le 07/08/2013 à 09:32, mis à jour le 07/08/2013 à 09:32

Pouliot - Hydro-Québec exagère, temps de discuter avec son député

Publié le 07/08/2013 à 09:32, mis à jour le 07/08/2013 à 09:32

BLOGUE. La modération est un principe avec lequel on essaie généralement de gouverner notre vie de chroniqueur. Tout est rarement noir ou blanc, en matière économique, souvent gris. Comme la vie en général. Mais cette fois Hydro-Québec exagère. Temps de discuter avec son député.

L'annonce de la nouvelle demande tarifaire d'Hydro-Québec Distribution (HQD) nous a fait sourciller, mardi.

HQD demande une hausse de tarif de 3,4% à compter du 1er avril 2014. Si la requête est acceptée, il en coûtera 20,40$ de plus par année pour un logement, 51,60$ pour une petite maison, 73,20$ pour une maison moyenne et 94,20$ pour une grande maison.

Il y a certaines choses à dire sur cette hausse, et on y revient plus bas.

Mais allons immédiatement au point le plus intéressant. Le communiqué d'Hydro indique qu'elle est dans l'attente d'une décision de la Régie de l'énergie pour la révision de son taux de rendement sur les capitaux, ce qui pourrait ajouter 2% à la hausse.

Autrement dit, le compte d'électricité n'augmenterait pas de 3,4%, mais de 5,4%. Ce qui veut dire qu'il en coûterait 32,40$ de plus pour un appartement, 81,91$ pour une petite maison, 116,25$ pour une maison moyenne et 150$ pour une grande maison. C'est nettement au-dessus de l'inflation.

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Hydro-Québec estime que le rendement que la Régie de l'énergie l'autorise à réaliser lorsqu'elle établit les tarifs d'électricité est trop faible par rapport à celui des autres utilités publiques au Canada et aux États-Unis. Son rendement sur les capitaux propres s'élève à 6,25%, alors que celui des autres utilités se situe apparemment entre 8,5 et 11,5%, selon une étude qu'elle a commandée. Elle souhaite que son rendement soit haussé à 9,2%.

Pourquoi?

Dans un contexte commercial, il est vrai qu'il vaut mieux pour une société offrir un taux de rendement qui soit comparable à celui de ses pairs. Si vous êtes en bourse, ça facilite les opérations de financement et il est généralement possible d'obtenir un meilleur coût de financement (que ce soit par action ou débentures).

Un investisseur veut être payé pour les risques qu'il encourt et si la rentabilité que produit votre concurrente est meilleure que celle de votre entreprise, il vous faudra trouver le moyen de lui offrir plus.

Le principe en cause ici est celui du Fair Return Standard. Selon cette norme, le taux de rendement des capitaux propre doit correspondre au rendement qu'un investisseur serait en droit d'exiger s'il plaçait ses fonds dans une entreprise de risque comparable.

C'est ce que demande Hydro-Québec. Et si Hydro-Québec était Gaz Métropolitain, une société détenue par du capital privé, on serait d'accord.

Mais Hydro-Québec n'est pas Gaz Métropolitain. Elle n'a pas à afficher des rendements similaires. L'endossement de ses activités par le gouvernement du Québec, qui garantit ses emprunts, suffit à lui procurer le meilleur des accès au marché des capitaux.

Autrement dit, cette demande de hausser le rendement autorisé n'a pour but ultime que d'augmenter la rentabilité d'Hydro et aider les coffres de l'État.

Cette demande de fonds supplémentaires aux abonnés apparaît d'autant plus déplacée qu'elle survient alors qu'Hydro est sur le point de leur demander de payer pour certains excès du trésor public.

Ce que coûteront les derniers excès

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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