Pouliot - Fonds de pension: le gouvernement devra décréter pour Montréal et Québec

Publié le 23/08/2013 à 17:57, mis à jour le 24/08/2013 à 11:17

Pouliot - Fonds de pension: le gouvernement devra décréter pour Montréal et Québec

Publié le 23/08/2013 à 17:57, mis à jour le 24/08/2013 à 11:17

Ok, de quoi discute-t-on alors?

C'est ici que ça se complique. Toutes les administrations municipales appellent à la négociation, mais que veut-on au juste?

À ce jour, les villes renflouaient une partie seulement du déficit actuariel, parce qu'elles bénéficiaient d'allègements temporaires. Cette partie est déjà dans le compte de taxe des contribuables.

Il faudra un jour arrêter ces allègements, autrement, la caisse finira par être à sec. C'est une première hausse de contribution à venir. Une seconde, on vient de le voir, proviendra de la nouvelle méthode de calcul des déficits. Un gonflement de contributions au renflouement des déficits est donc assuré.

Demande-t-on aux salariés et aux retraités de contribuer à 50% avec les contribuables pour ce nouveau gonflement de contributions? Leur demande-t-on de contribuer à 100%? Leur demande-t-on de contribuer à 50% dans le gonflement de contributions à venir et à 50% dans les contributions qui étaient jusqu'à maintenant assumés à 100% par les contribuables?

Il y a plusieurs choix possibles, et tous n'ont pas les mêmes conséquences pour le contribuable et les salariés. Certaines villes veulent profiter de ce débat pour se redonner de la latitude financière et mettre l'argent économisé ailleurs (option où les salariés contribuent à 100% à ce qui est à venir et à 50% dans ce qu'elles assument déjà). D'autres ne veulent qu'éviter une nouvelle hausse de taxes, ouà tout le moins une hausse sentie.

Il s'agit de trancher entre l'intérêt du payeur de taxes, qui est passablement essoufflé, et celui des salariés, qui tiennent aux promesses qui leur ont été faîtes, parce qu'elles ont été obtenues en échange de concessions et parce qu'on y a appuyé un train de vie qui aurait été autre.

C'est à Québec de trancher ce qui doit être. Qui doit contribuer aux nouvelles charges et aux anciennes. Autrement, on n'en sortira pas.

L'approche aurait en outre pour avantage de mettre de côté tout le débat sur le déséquilibre des pouvoirs de négociation.

Une fois que le gouvernement aura établi dans quelle proportion d'un déficit les salariés doivent faire un effort, on n'aura plus à discuter du droit de décret demandé par la Ville de Québec ou de Montréal. Il suffira d'introduire une pénalité financière que devraient verser au trésor public, et les syndicats, et les villes, si, à une date donnée, une entente n'est pas intervenue sur les aménagements permettant l'élimination des déficits. Tous auront alors intérêt à régler.

Et les retraités, eux?

Ils sont la donnée difficile de l'équation. D'abord parce qu'ils n'ont aucun système de représentation légalement encadré. On peut discuter avec un syndicat qui est législativement habilité à représenter des salariés. Une association de retraités n'a pas réellement cette force légale de contraindre ses membres par sa seule signature.

Pour éviter un capharnaüm encore plus important, Québec n'aura probablement pas le choix ici aussi de décréter le niveau de contribution nécessaire. On ne peut pas vraiment leur demander plus que de renoncer à l'indexation de leur pension.

À Québec, donc, de trancher. En souhaitant que le débat continue de se faire sereinement.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?