Port-Daniel: 100 M$ de trop, mais décision justifiée

Publié le 02/06/2014 à 14:37

Port-Daniel: 100 M$ de trop, mais décision justifiée

Publié le 02/06/2014 à 14:37

En entrevue, le ministre Jacques Daoust a reconnu que Québec aurait préféré se désengager du projet.

Le gouvernement du Québec confirme finalement le financement de la cimenterie McInnis de Port-Daniel. Bonne ou mauvaise nouvelle? Plutôt bonne, mais il y a 100 M$ en trop d'argent public.

Ce qui nous avait le plus surpris lors de l'annonce du projet de 1,1 G$, en mars, c'est une déclaration de Laurent Beaudoin à l'effet que le gouvernement du Québec avait demandé à avoir une participation en actions de 100 M$. En plus du prêt de 250 M$ effectué par Investissement Québec. Autrement dit, la Caisse de dépôt et la famille Beaudoin, qui sont les principaux actionnaires du projet, ne croyaient pas avoir besoin de ce 100 M$ et avaient refait leur montage financier pour accommoder le désir du gouvernement d'être actionnaire.

Avec tout le bruit entourant la révision du projet, quelque chose nous disait que Québec cherchait sans doute à se désengager de cette participation.

En entrevue, le ministre Jacques Daoust a reconnu que c'est ce qu'il aurait souhaité. Il a toutefois précisé que la chose s'était avérée impossible à cause du niveau d'avancement du projet. "On ne peut pas changer les règles de la partie de hockey à la fin de la troisième période", nous a-t-il dit.

Traduction: pour une raison ou une autre, les actionnaires initiaux ne semblaient pas être prêts à remettre plus d'argent dans le projet.

Dommage. Ce n'est pas le rôle de l'État d'investir dans des projets spécifiques (et de mettre du capital à risque) lorsque des investisseurs privés sont prêts à le faire.

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Un projet identique?

Le montage financier du projet ne change donc pas. Le projet révisé par le gouvernement libéral est-il dans ce cas identique à celui approuvé par le gouvernement péquiste?

Pas tout à fait. Il semble y avoir des exigences supplémentaires en cas de dérapage. Ainsi, comprend-t-on, la Caisse et la famille Beaudoin seront forcées de décaisser l'ensemble de la mise qu'ils ont annoncé. Ils ne pourront se retirer en n'ayant décaissé par exemple que le quart de leur promesse. Pareille mesure permettra d'avancer davantage le projet et lui accordera une meilleure valeur de revente ou d'attraction de nouveaux investisseurs.

Québec dit aussi qu'il est plus satisfait de la conformité du projet aux règles internationales du commerce. "Les taux d'intérêt que recevra Investissement Québec sont similaires à ceux que recevraient une institution privée spécialisée dans du financement à risque. Il n'y a pas d'aide de consentie", a dit monsieur Daoust.

Ce n'est pas vraiment un changement de situation par rapport à ce qui était sous le gouvernement péquiste, mais c'est une précision intéressante dans l'histoire. Le fait qu'il n'y ait pas au Québec d'institutions privées prêtes à prendre le risque senior d'Investissement Québec ne devrait pas être vu comme un avantage indu accordé par l'État.

La décision de poursuivre le projet est-elle justifiée?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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