Le prêt à l'Espagne change-t-il quelque chose?

Publié le 11/06/2012 à 17:03, mis à jour le 12/06/2012 à 07:38

Le prêt à l'Espagne change-t-il quelque chose?

Publié le 11/06/2012 à 17:03, mis à jour le 12/06/2012 à 07:38

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Les pays de la zone Euro consentent finalement à venir en aide aux banques espagnoles. Bonne nouvelle, mais l'opération ne viendra pas empêcher le ralentissement de l'économie mondiale.

Selon une évaluation du Fonds monétaire internationale, il manque environ 40 G d'euros pour que les banques espagnoles soient suffisamment capitalisées pour faire face à une accentuation des perturbations économiques, ou une détérioration de la confiance. L'agence de notation Fitch évaluait plutôt la semaine dernière qu'il manquait entre 60 et 100 G d'euros.

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Les états européens ont décidé de ne pas prendre de chance et d'aller à la haute fourchette: ils débloqueront jusqu'à 100 G d'euros, via le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ou son successeur, le Mécanisme de stabilité européen (MES). Les fonds seront injectés dans le Fonds public d'aide au secteur bancaire (FROB), un fonds propriété de l'État espagnol.

Il n'est pas clair comment le FROB recapitalisera les banques, mais on peut penser que ce sera sous forme d'une injection en capital qui sera davantage traitée comme un investissement en équité que comme un prêt. Autrement, la recapitalisation n'en serait pas vraiment une.

La bonne nouvelle, c'est que l'intervention vient fortement diminuer le risque d'un éventuel gel du marché du crédit en Espagne, et, par effet domino, une détérioration des conditions de crédit sur le marché européen et même mondial.

La moins bonne, c'est que l'argent n'en demeure pas moins un prêt à l'Espagne, qui ne fera qu'augmenter davantage sa dette. Haitong International Securities évalue que son ratio d'endettement passera de 68,5% à 74,8% du PIB si l'aide est de 60 G d'euros et à 77,8% si elle est de 100 G d'euros.

Les termes de l'aide financière, tels que le taux d'intérêt auquel elle sera consentie, ne sont pas connus. Mais il est évident que le fardeau du service de la dette du pays vient de s'alourdir.

Ce qui ne simplifiera pas l'atteinte de l'objectif qui lui est fixé de ramener son ratio déficit/PIB de 8,9% en 2011 à 5,3% cette année.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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