La bataille du ciel: sur qui miser?

Publié le 25/03/2012 à 20:01, mis à jour le 25/03/2012 à 20:02

La bataille du ciel: sur qui miser?

Publié le 25/03/2012 à 20:01, mis à jour le 25/03/2012 à 20:02


«Attention mesdames et messieurs, veuillez boucler votre ceinture. Nous nous apprêtons à traverser une zone de fortes turbulences où les transporteurs Air Canada, WestJet, Chorus et Porter semblent sur le point d'entrer en collision...»

Les prochains trimestres s'annoncent mouvementés dans le ciel canadien. Après l'affrontement du triangle de l'Est (Toronto-Montréal-Ottawa), trois nouvelles batailles se préparent.

Qui a plus à gagner ? Qui a plus à perdre ? Voyons-y de plus près.

Le champ de bataille actuel

Depuis quelques années, la guerre est déclarée entre Air Canada, WestJet et Porter. Le conflit a cependant pris de l'ampleur l'an dernier après que Porter se soit solidement installée à l'aéroport Billy-Bishop et utilisé l'île de Toronto pour accentuer ses attaques sur Montréal et Ottawa. En mars 2010, elle faisait notamment passer le nombre de ses dessertes quotidiennes Montréal-Toronto de 14 à 23, portant ainsi un sévère coup à l'achalandage d'Air Canada à l'aéroport Pearson.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

La réplique du transporteur unifolié n'allait pas tarder. En mai 2011, après une alliance avec le transporteur régional Sky Regional, Air Canada profitait de la fin de l'exclusivité consentie à Porter sur l'île de Toronto pour y lancer 15 vols aller-retour Montréal-Toronto, tout en conservant les dessertes qu'elle avait auparavant sur Pearson.

De crainte d'être isolée, WestJet augmentait au même moment le nombre de ses dessertes Toronto-Montréal et Toronto-Ottawa (à partir de Pearson), en les assortissant de promotions.

Résultat de l'affrontement, la capacité sur la route Toronto-Montréal avait augmenté de plus de 30 % et les prix, chuté de façon sentie, calculait en juin l'analyste Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale.

Pas nécessairement la fin du monde pour chacun des acteurs, alors que le triangle de l'Est ne représente que 6,3 % des départs totaux d'Air Canada et 7,9 % de ceux de WestJet.

Voilà cependant que d'autres engagements se profilent à l'horizon.

2012 : la bataille Toronto-New York

Le prochain affrontement semble se dessiner sur la liaison Toronto-New York, la route transfrontalière la plus achalandée.

À la fin de 2011, WestJet a obtenu les droits pour huit vols aller-retour à LaGuardia et doit amorcer ses dessertes en juin. Il y a quelques semaines, Air Canada a répliqué en annonçant des améliorations à ses heures de desserte et a ajouté trois vols sur JFK (désormais 23 vols sur les aéroports de New York). Porter a de son côté annoncé l'addition de deux vols entre l'île de Toronto et Newark, ce qui porte son total quotidien à 13.

Déjà, les transporteurs doivent batailler ferme avec Delta, American et United, qui offrent aussi des liaisons Toronto-New York (24 vols combinés).

Second engagement: odeur de soufre sur le sud et l'Europe

Avant même d'avoir terminé les discussions avec ses employés, Air Canada confirmait récemment qu'elle entendait aller de l'avant en lançant un nouveau transporteur au rabais.

Une nouvelle qui n'est pas sans conséquence pour Chorus Aviations, le transporteur régional d'Air Canada (sous l'enseigne Jazz).

Sans être dévastateur à court terme, le projet risque de faire souffrir le transporteur régional à plus longue échéance. L'entente entre les deux sociétés prévoit en effet un plancher garanti d'heures de vol en faveur de Chorus, mais elle prendra fin en 2020.

Dans l'intérim, ce sont WestJet et le voyagiste Transat A.T. qui devraient être les plus malmenés. Air Canada entend en effet utiliser une flotte de 50 Airbus 319 et Boeing 767 pour desservir à plus faibles coûts les destinations soleil et l'Europe.

Les appareils devraient provenir de la flotte d'Air Canada, mais la façon dont on pourra en diminuer les coûts n'est pas tout à fait claire. RBC Marchés des Capitaux note que toutes les options sont sur la table et qu'il ne faudrait pas exclure la création d'une société offshore, calquée sur le modèle Jetstar (une filiale de Qantas), qui permettrait d'aller de l'avant sans l'approbation des syndicats de l'entreprise.

Plus de détails devraient bientôt être communiqués sur le projet, mais on entend déjà les préparatifs de combat.

La plus grande Bataille

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?