François Pouliot: immobilier, sommes-nous à risque?

Publié le 29/10/2010 à 09:24, mis à jour le 29/10/2010 à 09:37

François Pouliot: immobilier, sommes-nous à risque?

Publié le 29/10/2010 à 09:24, mis à jour le 29/10/2010 à 09:37

Un autre repère intéressant auquel porter attention est la proportion de notre revenu disponible (après impôt) allouée au remboursement de nos dettes. La Banque du Canada considère qu'un ménage tombe en position de vulnérabilité lorsque 40% de son revenu disponible est consacré au remboursement de ses différentes dettes. Il y a alors plus de chances qu'il doive remettre les clefs de sa maison.

Au début de 2010, la Banque concluait qu'un peu plus de 6% des ménages étaient en position de vulnérabilité.

Aux États-Unis, lors de l'effondrement, la proportion était plutôt à 15%.

La différence semble s'expliquer par le risque pris par l'industrie bancaire américaine. À l'époque du sub-prime, les banques US prêtèrent à beaucoup plus de ménages en situation de fragilité financière.

Pas lieu de s'inquiéter dans ce cas?

On ne dirait pas cela. Les économistes de la Banque TD calculent que si jamais les taux d'intérêt revenaient à un niveau plus normal, (avec un taux directeur à 3,5% plutôt qu'à 1%), la proportion de ménages en position de vulnérabilité pourrait grimper à 10-11%.

C'est beaucoup plus près du niveau où tout éclata aux États-Unis. Et probablement à un niveau déclencheur d'une correction de marché peut-être pas aussi significative qu'aux États-Unis, mais qui pourrait tout de même avoir une certaine ampleur.

Conclusion?

- Si l'économie recule, et des emplois se perdent, le prix des maisons reculera très certainement.

- Si l'économie stagne, le prix des maisons stagnera. Parce que nous n'avons plus vraiment la capacité d'emprunter plus (les plus riches sont plus endettés que les Américains, et on est à la limite du nombre de plus pauvres que l'on peut prendre…). Il pourrait même reculer, la TD estimant que l'on paie actuellement 10 à 15% plus cher que le niveau justifié par les conditions économiques.

- Si l'économie avance, il y a une bonne probabilité que le prix des maisons stagne tout de même pour un bon moment. Les taux avanceront en effet et pèseront sur les valeurs.

Si vous songez à vendre, c'est probablement le grand temps. Si vous êtes un acheteur, attendez encore un peu, le marché pourrait bien vous sourire davantage dans quelques mois.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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