François Pouliot: alerte swap, nouvelle bataille en vue pour le Québec

Publié le 18/05/2011 à 09:13, mis à jour le 18/05/2011 à 11:47

François Pouliot: alerte swap, nouvelle bataille en vue pour le Québec

Publié le 18/05/2011 à 09:13, mis à jour le 18/05/2011 à 11:47

Vous croyez que l'avenir de la Bourse de Montréal sera déterminé du fait qu'elle est acquise par la London Stock Exchange ou le groupe des neufs piloté par Luc Bertrand (Maple Acquisitions)? En partie oui, mais une autre bataille tout aussi importante pourrait bien se profiler en coulisses, non seulement pour Montréal, mais pour plusieurs institutions financières du Québec.

L'un des axes les plus importants du projet de Maple Acquisition (en fait le plus important) repose sur l'intégration de la chambre de compensation de la Bourse de Montréal (pour les produits dérivés) avec celle de CDS (pour les actions et obligations).

Luc Bertrand a assez longuement insisté lundi sur le potentiel de revenus pour Maple de nouveaux produits qui devront bientôt obligatoirement passer par cette chambre. Il renvoyait en fait à deux types de produits du marché canadien: les repos et les swaps de taux d'intérêt.

Si pour les repos l'affaire est dans le sac, c'est loin d'être le cas pour les swaps, le plus gros des marchés. Et un important bras de fer pourrait bien prochainement s'engager entre certaines grandes banques canadiennes et de plus petites institutions comme la Nationale, la Laurentienne et le Mouvement Desjardins. Avec pour enjeu central non seulement la Bourse de Montréal, mais également leur propre intérêt.

D'abord plaçons le jeu et précisons les choses

Qu'est-ce qu'une chambre de compensation et pourquoi de nouveaux produits y arriveront-ils?

Une chambre de compensation est une entité juridique où les représentants à un marché s'engagent à réparer les dégâts d'une institution qui ferait défaut et n'honorerait plus ses obligations. Le système fait supporter le risque de débandade d'un acteur sur un ensemble de joueurs et vise ainsi à contenir les effondrements.

Jusqu'à la crise financière (et encore aujourd'hui) les banques se finançaient souvent entre elles au moyen de repos, des repurchase agreements, ou, si l'on préfère, des opérations d'achat-rachat sur les obligations du Canada. Lorsqu'une banque a besoin d'argent pour quelques jours, elle va en voir une autre qui lui vend un titre à un prix X, à condition que l'acheteuse s'engage à le lui retourner quelques jours plus tard à un prix légèrement inférieur. Le repo est une forme de prêt.

Les institutions utilisaient (et utilisent encore) en parallèle des swaps de taux d'intérêt pour gérer leurs appariements. Ils peuvent par exemple s'échanger des obligations à taux fixes pour des obligations à taux variables histoire d'équilibrer leurs risques.

Au lendemain de la crise financière, le G-20 en est venu à la conclusion qu'il valait mieux faire passer ces produits par des chambres de compensation pour tenter d'éviter les culbutes en domino dans le système financier.

C'est pour cela que Luc Bertrand estime que d'importants volumes supplémentaires sont désormais susceptibles d'aboutir à la future chambre de compensation unifiée.

L'enjeu maintenant

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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