Le manque de leadership des États-Unis déstabilise le monde

Publié le 17/07/2015 à 20:26, mis à jour le 18/07/2015 à 10:39

Le manque de leadership des États-Unis déstabilise le monde

Publié le 17/07/2015 à 20:26, mis à jour le 18/07/2015 à 10:39

La valse-hésitation de Washington sur la scène internationale est aussi perçue comme un signe de faiblesse par le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est intervenu en Ukraine (une ancienne république de l'ex-URSS) afin de garder son voisin dans sa sphère d'influence.

Selon Ian Bremmer, c'est pourquoi la Russie ne baissera pas la garde dans son bras de fer qui l'oppose à l'Occident, et ce, malgré les sanctions économiques et l'installation d'armements de l'OTAN dans six pays d'Europe centrale et orientale (Pologne, Roumanie, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie).

«La volonté de la Russie de projeter sa force au-delà de ses frontières va continuer de croître. Et le potentiel qu'un accident survienne dans la région est réel», fait-il remarquer.

Le président d’Eurasia Group souligne que les Polonais et les Baltes ont raison de s'inquiéter, car la politique de la Russie étrangère «représente un grand risque géopolitique».

À cette faiblesse du leadership américain s'ajoute aussi celle de l'Europe, où plusieurs pays sont de plus en plus centrés sur des enjeux locaux, déplore Ian Bremmer.

«Lors des dernières élections au Royaume-Uni, le nationalisme, la peur et la sécurité économique ont été les principaux enjeux. Il n'y avait rien à propos de la place de l'Europe dans le monde», dit-il.

Pour sa part, la France est tournée sur elle-même depuis les attentats contre le journal satirique Charlie Hedbo et une épicerie juive à Paris. Quant à l'Allemagne, elle exerce un leadership en Europe (la crise en Grèce en est un bon exemple), mais elle ne s'affirme pas vraiment ailleurs dans le monde, prétend Ian Bremmer.

«Cela va prendre des années avant de voir l'Europe réémerger un jour pour jouer un rôle majeur à l'international.»

Cette faiblesse relative des États-Unis et de l'Europe représente tout un défi pour les investisseurs qui investissent à l'extérieur des marchés américain et européen. Car cette situation entraîne un changement de paradigme pour eux comparativement à celui qui prévalait dans les années suivant la fin de la guerre froide.

«Auparavant, l'environnement politique mondial était instable, mais pas particulièrement dangereux, dit Ian Bremmer. Aujourd'hui, cet environnement est toujours instable, mais il est en plus dangereux.»

Malgré le manque de leadership des États-Unis sur la scène internationale, l'administration Obama a néanmoins obtenu des succès sur le plan diplomatique, aux yeux de plusieurs observateurs.

Le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba en est un. L'accord sur le nucléaire iranien en est un autre (de concert avec la Chine, la Russie, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni).

Deux victoires qui devraient contribuer à améliorer le climat d'affaires pour les investisseurs.

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand