Le manque de leadership des États-Unis déstabilise le monde

Publié le 17/07/2015 à 20:26, mis à jour le 18/07/2015 à 10:39

Le manque de leadership des États-Unis déstabilise le monde

Publié le 17/07/2015 à 20:26, mis à jour le 18/07/2015 à 10:39

Le président et fondateur d'Eurasia Group, Ian Bremmer

ANALYSE DU RISQUE. Tensions en mer de Chine méridionale, intervention de la Russie en Ukraine, implosion du Moyen-Orient... Le monde n'a jamais été aussi instable et dangereux depuis la fin de la guerre froide. Or, le manque de leadership et de vision à long terme des États-Unis contribue à le déstabiliser, affirme le spécialiste Ian Bremmer.

Président et fondateur de la firme spécialisé en risque politique Eurasia Group à New York, Ian Bremmer explique dans une entrevue qu'il nous a récemment accordée que la chute du mur de Berlin et la dissolution de l'ex-URSS ont eu deux conséquences majeures sur la politique étrangère américaine.

«Les États-Unis sont devenus plus réticents à prendre des risques, et ils sont devenus plus réactifs à la crise du jour», déplore Ian Bremmer, qui vient de publier un essai sur le rôle des États-Unis sur l'échiquier international, Superpower: Three Choices for America's Role in the World.

Par exemple, selon lui, Washington ne s'est vraiment impliqué dans la lutte au redoutable virus Ebola que lorsque des Américains ont été infectés.

Même chose avec la montée de l'État islamique: les États-Unis ont commencé à prendre cette menace vraiment au sérieux qu'à partir du moment où les djihadistes ont décapité des citoyens américains.

Selon le président d'Eurasia Group, le manque de leadership et de vision à long terme de l'administration Obama incite les autres puissances à contester l'ordre international. Et le meilleur exemple est celui de la Chine.

Depuis plusieurs mois, l'armée chinoise construit des îles artificielles dans la Mer de Chine méridionale. Ce qui inquiète les pays riverains, les États-Unis et leurs alliés dans la région, au premier chef le Japon.

Pékin prétend défendre ses intérêts politiques et économiques en Mer de Chine méridionale, où transite une partie importante du commerce international.

Mais pour Ian Bremmer, les Chinois contestent tout simplement l'ordre géopolitique mis en place par les Américains en Asie-Pacifique après la Deuxième Guerre mondiale.

«La Chine essaie de se présenter aux autres pays de la région comme une alternative aux Américains», dit-il.

La création de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII), décriée par Washington, mais saluée par le Fonds monétaire international (FMI), s'inscrit aussi dans cette stratégie, affirme l'analyste géopolitique.

La Chine n'est pas la seule à profiter de cette situation pour avancer ses pions.

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À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand