Les placements alternatifs sont-ils trop à la mode?

Publié le 12/08/2016 à 17:08, mis à jour le 15/08/2016 à 14:20

Les placements alternatifs sont-ils trop à la mode?

Publié le 12/08/2016 à 17:08, mis à jour le 15/08/2016 à 14:20

À chaque cycle, sa mode.

La liste est très longue: les baby-boomers et la société des loisirs dans les années 1990, les titres Internet en 1999, le pétrole à 147$US ou la potasse à 900$US en 2008, les fournisseurs solaires, les technologies de l'eau et j’en passe.

Ces temps-ci, le thème des placements alternatifs est sur toutes les lèvres en tant que source de diversification et de rendement supérieur, à moindre risque.

Les gros investisseurs, surtout les caisses de retraite et les assureurs, se ruent tous sur ses actifs pour leur longue vie et leurs revenus réguliers.

Ils cherchent évidemment à rencontrer leurs propres engagements financiers à long terme, au moment où 10000 milliards de dollars américains d’obligations procurent des rendements négatifs, dans le monde.

Si les taux restent bas et que le vieillissement de la population freine la cadence économique comme tant d’observateurs le prédisent, l’attrait des placements alternatifs risque de perdurer.

Ce qui est agaçant toutefois, c’est que tout le monde est sur le même disque.

L’histoire a maintes fois démontré les dangers des mouvements de foule où l’appréciation d’un placement attire de nouveaux investisseurs qui font grimper sa valeur, ce qui reconfirme l’attrait de l’actif en question, dans une sorte de logique circulaire.

Les gros investisseurs, parfois baptisés «the smart money», n’échappent pas à ces périodes d’engouement, car la force d’influence du troupeau est forte.

Une véritable industrie des fonds alternatifs

La récente rechute mondiale des taux revalorise tous les actifs physiques qui génèrent des revenus réguliers.

D’autres experts recommandent plutôt les placements alternatifs parce qu’ils sont convaincus que l’injection sans précédent de liquidités par les banques centrales depuis sept ans ne peut que détruire le futur pouvoir d’achat des devises.

Dans ce scénario, un actif tangible que ce soit un immeuble, un lingot d’or ou encore une autoroute à péage, a de meilleures chances de préserver sa valeur au fil du temps, font-ils valoir.

Plusieurs caisses et assureurs achètent directement des actifs, mais une industrie des fonds surfe aussi cette vague montante.

Selon Wilshire, 545 fonds cumulant un actif de 304 milliards de dollars américains investissent dans des placements alternatifs, cinq fois plus qu’en 1999.

Le géant canadien Brookfield Asset Management(Tor.,BAM), par exemple, se targue d’avoir récolté des sommes record de 27 milliards de dollars américains, en 18 mois, de la part de 250 clients qui veulent investir à ses côtés dans les infrastructures et l’immobilier, un peu partout dans le monde.

Évidemment, Brookfield dégage de juteux honoraires de la gestion de ses multiples fonds. Son actif en gestion totalise 250 milliards de dollars.

La transformation de Brookfield, de propriétaire-exploitant d’infrastructures en gestionnaire, figure d’ailleurs parmi les arguments de choix des analystes qui recommandent l’achat de son action.

Il est difficile de réfuter les thèses des taux dérisoires et de la dévaluation des monnaies par les temps qui courent, mais force est d’admettre qu’elles reposent sur l’extrapolation du passé le plus récent, un autre piège de la nature humaine.

«Si vous cherchez des solutions de rechange aux plus modestes rendements à espérer pour les actions et les obligations, n’oubliez pas que tous ces nouveaux fonds pêchent tous dans le même petit étang», met en garde, Michael Batnick, chroniqueur au site The Irrelevant Investor.

La marge de manœuvre de tous les placements est mince dans un monde de rendements atrophiés, ajoute-t-il, surtout après les honoraires.

M. Batnick ne tire pas un trait sur tous les placements alternatifs puisque tant de stratégies sont offertes, mais il enjoint les investisseurs de faire leurs devoirs.

Il est important de s’assurer que le fonds ou le placement choisi s’insère bien dans la répartition existante d’un portefeuille et surtout de comprendre d’où provient son rendement.

Faux sentiment de sécurité

Chez Eaton Vance Corp, le gestionnaire Yana Barton met plutôt les investisseurs en garde contre les dangers de l’engouement pour les payeurs de dividendes élevés.

«Ces titres sont moins sécuritaires qu’il n’y paraît à cause de l’illusion créée par des taux anormalement faibles», explique-t-il.

Les taux anémiques ont gonflé la valeur des dividendes et en conséquence l’évaluation de ces titres en Bourse. Les secteurs des services publics et des télécommunications, par exemple, ne sont donc pas aussi «sûrs» que le veut la perception générale.«Les investisseurs sont hantés par le risque, mais il n’est peut-être pas là où ils pensent. Ce sont les titres de croissance qui sont bon marché. Une éventuelle remontée des taux ferait plus de mal aux payeurs de dividendes», dit-il.

L’indice Russell 1000 croissance tire de l’arrière de 2,3% sur son cousin l’indice Russell 1000 valeur, soit son retard le plus prononcé depuis 2006.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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