VIX: le plongeon de l'indice de la peur n'est pas de mauvais augure

Publié le 09/08/2016 à 16:32

VIX: le plongeon de l'indice de la peur n'est pas de mauvais augure

Publié le 09/08/2016 à 16:32

En plein été, la Bourse semble prise d’une certaine torpeur puisque tant de financiers se la coulent plus douce.

Il est donc toujours hasardeux de tirer des conclusions prospectives de la lecture des signaux émis par les marchés.

Ces jours-ci, plusieurs sites financiers font beaucoup de cas de la chute de l’indice de volatilité – le VIX du Chicago Board Options Exchange – mieux connu sous le vocable « indice de la peur ».

Plusieurs voient un mauvais présage dans le plongeon de 55% de l’indice VIX, car ils l'interprètent comme un excès de complaisance de la part des investisseurs.

L’indice VIX touche un plancher annuel de 11,1 par rapport au niveau 26 qu’il avait le 27 juin dernier. 

Le VIX n’a pas connu un tel recul de six semaines depuis avril 2008. Andrea Kramer, de Schaeffers Research, rappelle aussi que le S&P 500 a chuté de 38%, au cours des trois mois suivants.

Toutefois,les quatre épisodes répertoriés depuis 1990 sont peu concluants, reconnaît l’analyste, En 1992 et en 2003 par exemple, le S&P 500 a continué de s’apprécier, après un recul prolongé du VIX.

Les pointes du VIX sont à surveiller

L’indice VIX a peu de valeur prévisionnelle, même à court terme, assure le chroniqueur de Market Watch, Mark Hulbert.

La performance de l’indice américain le plus généraliste, le Wilshire 5000, lorsque le VIX recule sous un niveau de 12 est très similaire à sa performance lorsque le VIX grimpe au-dessus de sa médiane historique de 18,6, selon les données compilées par le CBOE, depuis 1990.

Une étude de deux professeurs de finance de l’Université Yale suggère même que la valeur du VIX en tant qu’indicateur contraire fonctionne un peu mieux lorsque l’indice de la peur grimpe rapidement.

Il semble que les pointes de volatilité ont tendance à s’agglutiner sur un très court laps de temps, ce qui est souvent porteur de mauvaises nouvelles.

C’est donc lorsque l’indice VIX s'emballe que les investisseurs à court terme devraient se protéger contre un recul des marchés, disent Alan Moreira et Tyler Muir.

D’autres observateurs s’inquiètent du fait que les pros sont les plus nombreux depuis 2013 à miser sur d’autres gains boursiers.

La Commodity Futures Trading Commission recense 115 000 contrats de vente à découvert sur l’indice VIX, le plus depuis trois ans.

Miser sur une baisse du VIX est l’équivalent de parier sur une hausse des actions puisque le VIX et les actions divergent 80% du temps.

Il faut dire que le rebond de 19% du S&P 500 depuis février, sa succession de nouveaux sommets et son multiple de 20 fois les bénéfices, rendent bien des experts mal à l’aise.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour faire reculer l’indice de la peur, croit pourtant Michael Purves, stratège mondial de Weeden & Co.: les interventions répétées des banques centrales, le rebond de l’indice Citigroup des surprises économiques, ainsi que les meilleurs bénéfices que prévu.

L’indice Citigroup, qui mesure l’écart entre les données économiques et leurs prévisions, est le plus élevé depuis 2014, tandis que 77% des entreprises du S&P 500 ont surpassé les attentes, au deuxième trimestre.

Un stratège rassuré par les investisseurs encore sur la touche

Chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, l’économiste Éric Corbeil détecte des signes de complaisance qui, par le passé, ont souvent précédé des reculs du marché boursier.

Par contre, il note que les investisseurs institutionnels, ainsi que ceux de détail, demeurent très prudents quant aux perspectives des actions.

La répartition en encaisse moyenne des gros investisseurs se situait à 5,8% en juillet, ce qui excède les sommets atteints lors de la crise financière de 2008, ainsi que lors de la crise européenne de 2011.

«Par le passé, un tel pessimisme a souvent devancé des périodes de rendements positifs pour le marché des actions. En d’autres mots, des sommes énormes se trouvent actuellement sur la touche», explique-t-il.

Pour sa part, M. Corbeil table sur une ré-accélération de la croissance des bénéfices, lors de la deuxième moitié de 2016, qui redonnerait confiance envers la solidité du marché haussier actuel.

À son avis, l’évaluation des actions demeure raisonnable par rapport aux rendements des obligations.

En outre, l’économie mondiale devrait aussi regagner en vigueur.

 «De plus, certains signaux techniques demeurent actuellement positifs en dépit la complaisance actuelle, ce qui réduit les probabilités d’un recul imminent des bourses», ajoute M. Corbeil.

Par exemple, les secteurs cycliques, les titres à faible capitalisation, ainsi que les titres de sociétés plus endettées, performent mieux en Bourse, ce qui ne précède généralement pas une chute boursière.

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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