Et si les actions gagnaient leur duel contre les obligations

Publié le 05/08/2016 à 16:10

Et si les actions gagnaient leur duel contre les obligations

Publié le 05/08/2016 à 16:10

Bank of America Merrill Lynch suit les investisseurs du monde à la trace pour prendre le pouls des marchés et détecter des signaux à contre-courant à court terme, par exemple si un placement devient trop populaire ou l’inverse.

Son dernier bulletin hebdomadaire révèle que les clients fortunés adoptent actuellement une stratégie contrastée, à l’image d’une haltère (ou barbell dansle jargon de Walll Street), en investissant en fonction de deux scénarios contradictoires en même temps.

Ainsi, ces investisseurs se positionnent à la fois pour des environnements déflationniste et inflationniste.

Ils misent sur des titres peu volatils, de haute qualité et payeurs de dividendes, tels que les services publics par exemple, mais aussi sur l’or, les marchés émergents et les titres à revenu fixes indexés à l’inflation (TIPs).

Ce contraste reflète assez bien le dilemme du marché qui explique que les actions et les obligations s’apprécient en même temps.

Certains seront peut-être étonnés d’apprendre que les obligations mondiales ont donné un rendement de 7% depuis le début de l’année, par rapport au gain de 6,7% pour le S&P 500, de 12,4% pour le S&P/TSX et de 2,7% pour l’indice MSCI Monde.

Des repères embrouillés

Après l’annonce de la création surprise de 255 000 emplois aux États-Unis en juillet, le S&P 500 a avancé de 0,8% à un nouveau record de 2182, mais les taux repères de 10 ans n’ont pas grimpé pour autant, comme on aurait pu le penser après de si bonnes données.

Les taux américains de 10 ans sont passés de 1,50 à 1,59%, le 5 août, mais ils demeurent 0,7% inférieurs qu’à pareille date un an plus tôt. Le jeu des comparaisons fait en sorte que les taux négatifs à l'étranger tirent les taux américains vers le bas.

Il faut aussi admettre que la chute sans précédant des taux d’intérêt, 666 coupes par les banques centrales depuis la faillite de Lehman Brothers, déforme les repères traditionnels.

Les marchés ne se comportent pas comme d’habitude, faisait d'ailleurs récemment remarqué David Rosenberg, économiste de Gluskin Sheff: les investisseurs achètent les obligations pour du gain en capital (car elles s’apprécient quand les taux reculent) et les actions pour le revenu de leurs dividendes.

Les taux d’intérêt anémiques (sinon négatifs) sont-ils le reflet d’une économique chroniquement stagnante et déflationniste ou si au contraire l’injection massive d’argent ne peut-elle que produire de l’inflation ?

Les investisseurs ne savent donc pas sur quel pied danser.

La détente monétaire passe le flambeau au stimulus budgétaire

Michael Hartnett, stratège en chef de Bank of America Merrill Lynch, y va de son grain de sel.

Pour que les investisseurs se déplacent avec plus de conviction vers les titres cycliques qui bénéficient de la croissance économique, ils devront croire que les taux ont touché leur plancher, que l’économie prend du mieux et déclenche une remontée des prévisions de bénéfices, que la Fed peut normaliser ses taux et que la coordination de nouvelles mesures budgétaires au Japon, en Europe et en Grande-Bretagne sauront redonner aux entreprises le goût du risque.

C’est d’ailleurs ce scénario optimiste que le stratège juge le plus probable.

Depuis 2009, les investisseurs ont acheté 1000 milliards de dollars américains d’obligations mondiales et seulement 375 milliards d’actions. C’est au tour des actions de connaître une nouvelle période de gains, souhaite M. Hartnett.

Si c’est le cas, ses collègues devront rapidement raviser leur tir puisque le S&P 500 dépasse déjà le cours cible moyen (2146) de 20 stratèges pour le S&P 500 d’ici la fin de 2016. C'est la première fois depuis 2014 qu'autant de stratèges sont en retard sur l'indice. 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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