Le faux-débat des multivotantes et de la gouvernance

Publié le 24/07/2015 à 16:39

Le faux-débat des multivotantes et de la gouvernance

Publié le 24/07/2015 à 16:39

Alors qu’Alain Bouchard demande aux actionnaires d’Alimentation Couche-Tard de prolonger le statut des actions des fondateurs à 10 votes chacune et que l’emprise de la famille Bombardier-Beaudoin sur Bombardier fait encore jaser, voilà une occasion de se pencher sur le débat de la gouvernance, au sens large.

La gouvernance englobe une foule de notions, de l’indépendance des membres du conseil, à la séparation des rôles de président du conseil et de président, en passant par la représentation des femmes au conseil et le code d’éthique, de conformité et de durabilité.

La taille de plus en plus volumineuse des circulaires de la direction, produites pour les assemblées annuelles, témoigne de l’ampleur que prend le phénomène. La circulaire d'Alimentation Couche-Tard compte 97 pages.

S’il est essentiel de surveiller les sociétés pour éviter les abus de pouvoir de dirigeants et tout autant d’instaurer des protections pour contrer la pression indue d’investisseurs-touristes, ce débat reçoit trop d’attention.

Un faux sentiment de sécurité ?

Il y aura toujours des entreprises intègres et performantes et leur contraire peu importe si elles respectent toute la panoplie des règles de gouvernance et quelque soit leur structure de capital. 

Le respect des règles de gouvernance n’a pas empêché les scandales comptables spectaculaires de Worldcom ou d’Enron, aux États-Unis, ni la culture de corruption chez SNC-Lavalin.

Faut-il rappeler que SNC-Lavalin s’est mérité deux mentions d’honneur de la part du Globe & Mail et de l’Institut canadien des comptables agréés en matière de gouvernance en 2012, au moment même où les premières révélations de corruption faisaient surface.

Entre 2004 et 2007, le groupe Hollinger International du magnat déchu de la presse Conrad Black, a aussi connu son lot de batailles judiciaires liées à ses condamnations pour fraude, malgré un conseil d’administration trié sur le volet.

Plus près de nous, Alimentation Couche-Tard, Groupe CGI, Power Corporation et Cogeco, entre autres, ont toutes procuré de bons rendements à long terme, malgré une structure de capital qui accorde dix votes à chaque action multivotante.

Je doute que Bombardier ait reçu plus de commandes pour son appareil CSeries, si la famille Bombardier-Beaudoin, avait fait passer ses droits de vote de 10 à 6 par acction.

Les règles de gouvernance peuvent parfois créer un faux sentiment de sécurité. L'attention des investisseurs devrait être ailleurs.

Du cas par cas

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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