Vos résolutions financières sont-elles foireuses?

Publié le 06/01/2017 à 07:44

Vos résolutions financières sont-elles foireuses?

Publié le 06/01/2017 à 07:44

Voilà arrivé le moment de l’année où l’on voudrait en finir avec les cliquetis et les grincements de notre vie un peu lâche. Ces bruits nous inquiètent depuis quelques mois, sinon des années, et le changement de calendrier offre toujours une belle occasion de donner quelques tours de visse.

Cela prend la forme de phrases simples que l’on confond souvent avec des formules magiques: je boirai moins; je mangerai mieux; je ferai davantage de sport; je ne fumerai plus; je fermerai mon compte Facebook; je reprendrai mes finances en main. 2017 s’annonce donc l’année de la grande métamorphose.

Mais ç’a plus de chance d’être la énième année de l’inaction. Avec le temps, on devrait le savoir. Les résolutions ne passent pas l’hiver. Pour déjouer la force d’inertie qui nous anime (le changement, ce n’est pas naturel), il faut surtout cesser de se leurrer: les projets nombreux, vagues et ambitieux à l’excès avortent dès la conception.

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Les objectifs financiers figurent au sommet de nos résolutions de début année. On voudrait réduire ses dettes, augmenter son épargne, acheter une maison ou commencer à investir. Mais comment? Il n’y a pas de recette unique, ni magique. Alors je suis toujours dubitatif quand je lis un titre du genre « 27 conseils pour avoir des finances en forme en 2017». J’y reviens chaque année, car c’est à cette saison qu’on est bombardés de liste de résolutions «prêt-à-porter».

Il y a toujours des gens exceptionnels qui parviendront à réaliser des choses exceptionnelles en cours d’année, mais la majorité d’entre nous devrait simplement viser à améliorer son sort. Et dans la plupart des cas, financièrement, cela consiste à réduire ses dettes de consommation.

Le concept n’a rien de révolutionnaire, je l’ai déjà évoqué, mais un objectif financier a plus de chance d’être atteint s’il est bien défini, s’il est «SMART», comme on dit dans le jargon (pour simple, mesurable, ambitieux, réaliste, temporel).

Se donner pour objectif de contribuer au REER ou d’accélérer le remboursement de l’hypothèque alors que les intérêts sur sa carte de crédit grugent notre budget de 400 dollars tous les mois, ce n’est pas la voie la plus simple pour améliorer sa situation financière. Ce n’est pas «SMART».

Dire qu’on veut réduire ses dettes en cours d’année ne l’est pas davantage, puisque la visée est trop floue. «Rembourser ses dettes» est déjà plus précis, mais ce n’est pas plus «SMART», car ce pourrait ne pas être réaliste si on traîne un solde de 25 000 dollars sur ses cartes de crédit. S’imposer un défi impossible à surmonter, c’est contre-productif.

Se donner pour objectif de rembourser 500 dollars par mois peut être beaucoup plus réaliste, bien qu’il est facile de sous-estimer l’effort nécessaire. On doit être conscient qu’il faudra trouver 500 dollars chaque mois, et ce pendant plus de huit ans s’il s’agit d’une carte de crédit à 19%. Un budget est donc nécessaire, des coupures dans d’autres postes de dépenses et de la ténacité aussi. Ou mieux, restructurer en plus sa dette pour payer moins d’intérêt.

On dit souvent que l’endettement n’a rien à voir avec le revenu. C’est vrai qu’on trouve des gens endettés dans toutes les classes de la société, et particulièrement chez les ménages à revenu plus élevés. Comme les banques préfèrent prêter à ceux qui gagnent plus, il n’y rien d’étonnant à voir des familles nager dans le rouge dans la classe moyenne supérieure.

Mais quand vient l’heure de s’attaquer aux dettes, les ménages à revenus plus élevés qui détiennent des actifs ont devant eux plus d’options. Il est toujours plus facile de rétablir sa situation quand il y a des dépenses discrétionnaires dans lesquelles sabrer et une maison trop grande à vendre. Quand on couvre tout juste l’essentiel, il faut réviser le budget à l’aide du rasoir et scruter les circulaires à la recherche des bonnes affaires. Bref, se serrer la ceinture et se montrer astucieux.

Si les petites économies sont un moyen de joindre les deux bouts pour certains, pour d’autres, il est au contraire une façon de se bercer d’illusions. Celles de bien gérer ses affaires. À quoi bon sauver quelques dollars sur la facture d’épicerie si cette économie est réalisée au prix d’un détour en VUS financé sur un prêt de 7 ans? C’est comme ces gens bien enveloppés qui commandent un coke diète avec le trio Double Big Mac.

Pas très «SMART».

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.