Qu'adviendra-t-il du CELI après les élections?

Publié le 15/09/2015 à 11:50

Qu'adviendra-t-il du CELI après les élections?

Publié le 15/09/2015 à 11:50

Un des moyens éprouvés pour garder la santé financière, c’est de fréquenter des pauvres. C’est ce que je fais, moi. Comme ça, je m’assure de ne pas être aspiré dans le sillage d’une vie luxueuse. Entendons-nous, pas nécessairement des pauvres fauchés, sans emploi ni rien. Juste des pauvres ordinaires, ça fait l’affaire. Ceux-là peuvent aller au resto de temps en temps, avoir une auto et même se payer un voyage à l’occasion. Mais ils ont aussi des dettes, bien sûr. Le moyen infaillible pour les reconnaître, c’est de leur poser la question secrète : «Ton CELI, il est plein?».

Car on sait bien, il n’y a que les riches qui peuvent accomplir cet exploit. Je pense que le boss du boss de mon boss a rempli le sien. Personne dans mon entourage n’y est parvenu, tous étant occupés à faire leurs paiements de char, à rembourser leur hypothèque et à mettre de l’argent dans le REEE. Cela a un avantage : le bassin de mes amis potentiels est immense! Seulement une personne sur six de moins de 60 ans aurait comblé tout l’espace de son CELI au pays.

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Le compte enregistré libre d’impôt, de son nom officiel, a été mis en place par les conservateurs en 2009 pour inciter les Canadiens à épargner. Au départ, le plafond de contribution annuelle a été établi à 5000 dollars. Il a été relevé à 5500 avant que le gouvernement, toujours conservateur, ne le monte à 10 000 dollars d’un coup, au printemps. En date d’aujourd’hui, les droits de contribution totaux s’élèvent à 41 000 dollars. Rappelons que les gains réalisés dans ce compte ne sont pas imposables.

Si les gens peinaient à en profiter pleinement avant, imaginez maintenant. Quand les conservateurs ont annoncé le relèvement du plafond lors du dernier budget, il n’a pas fallu de temps avant qu’on accuse le gouvernement de favoriser les mieux nantis, une critique qui n’émanait pas seulement de la gauche, mais de tous les côtés. L’opposition, autant libérale que néo-démocrate, a vivement critiqué la mesure.

Non seulement celle-ci favorise une frange minime de la population, mais elle exercera à long terme une pression énorme sur les finances publiques. En 2020, le CELI bonifié privera les gouvernements de 3,4 milliards de dollars de recettes fiscales, a estimé le Directeur parlementaire du budget à Ottawa (DPB). Et de plus de 13 milliards 10 ans plus tard. Il faudra aller les chercher ailleurs, ces milliards.

Les deux partis ont promis de faire marche arrière s’ils étaient portés au pouvoir. Ils l’ont confirmé au National Post, hier. Compte tenu des résultats des sondages en vue des élections du 19 octobre, on peut raisonnablement croire que le CELI ne survivra pas dans sa forme actuelle.

Aucun des deux partis capables de battre les conservateurs n’a cependant l’intention d’abolir le CELI. Si la vaste majorité de la population n’est pas en mesure de le combler, le CELI ne reste pas moins un outil très populaire, même si je soupçonne que bien peu de gens en exploitent son plein potentiel. Nombreux sont ceux qui se contentent d’y placer de l’épargne à court ou moyen terme investie dans des instruments qui offrent de faibles rendements.

Libéraux et néo-démocrates ont néanmoins affirmé qu’ils ramèneraient le plafond à ce qu’il était en 2014, soit à 5500$. Bien que rien de soit garanti, le plafond de 10 000 dollars sera vraisemblablement maintenu pour 2015. Ce serait trop compliqué de revenir en arrière. Les deux partis n’envisagent pas non plus d’imposer d’une façon ou d’une autre les rendements du CELI, une option politiquement risquée.

Malheureusement, les troupes de Tom Mulcair et Justin Trudeau ne se sont pas vraiment avancées sur les questions les plus intéressantes au sujet de l’avenir du compte libre d’impôt. Notamment, faudrait-il imposer un plafond à vie aux cotisations? Une telle limite, disons 100 000 dollars à vie, serait nettement moins dommageable pour les finances publiques sans en réduire l’attrait pour la majorité des épargnants.

L’autre avenue est de mettre un plafond aux actifs qu’une personne peut posséder à l’intérieur du CELI. Cette approche vise particulièrement ceux qui, grâce à des paris risqués en Bourse, parviennent à faire gonfler rapidement et sans impact fiscal le contenu du compte enregistré.

Ramener la limite des contributions annuelles à ce qu’elle était est l’avenue la plus évidente. Mais il y en a bien d’autres très intéressantes sur lesquelles j’aimerais entendre les prétendants au pouvoir. Mes amis aussi.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.