CELI : un cadeau inestimable pour les investisseurs boursiers

Publié le 22/04/2015 à 10:15

CELI : un cadeau inestimable pour les investisseurs boursiers

Publié le 22/04/2015 à 10:15

Dans son for intérieur, feu Jim Flaherty, le père du compte libre d’impôt (CELI), était contre. La plupart des économistes voyaient ce projet d’un mauvais œil. Deux rapports, celui de l’Institut Broadbent et celui du directeur parlementaire du budget, déconseillaient cette mesure. Même des fiscalistes étaient dubitatifs…

Élever le plafond des contributions au CELI à 10 000 dollars n’est pas une bonne idée. Ce cadeau fiscal, que personne n’a réclamé, profite à une étroite frange des contribuables. Déjà, seulement 15% des détenteurs d’un CELI y cotisaient au maximum quand le plafond était à 5500 dollars. Ce sera certainement moins désormais.

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Et je ne parle pas de l’impact de cette mesure sur les coffres des gouvernements, cette année et bien plus encore dans les années à venir : des dizaines et des dizaines de milliards de dollars en moins pour financer les services, la recherche et développer les infrastructures.

Mais tout ça a déjà été dit. Et il aurait fallu être naïf de croire que le gouvernement de Stephen Harper y renonce en pleine année électorale.

Alors quoi? Eh bien, nous pouvons à compter de maintenant mettre 10 000 dollars par année dans le CELI. Celui qui n’y aurait jamais contribué pourrait y déposer 41 000 dollars cette année. Ce sera 91 000 dollars en 2020.

Ce que j’en pense? Il faudrait changer le nom de cet abri fiscal. Ce n’est plus un «compte d’épargne». C’est plus que jamais un compte «d’investissement».

D’aucuns présentent encore le CELI comme un endroit où mettre de l’argent en vue de projets à court et à moyen terme. C’est plus qu’il n’en faut. Imaginez louer un camion de 40 pieds pour déménager votre télé. «C’est overkill», dirait Sugar Sammy.

L’épargne à court terme doit être placée dans des produits financiers facilement encaissables, liquides, comme on dit dans le jargon. L’épargne à moyen terme doit être mise dans des véhicules sécuritaires, comme les certificats de dépôt garantis. Dans les deux cas, les rendements offerts sont risibles. Les taux d’intérêt sont au plancher.

Il n’y a pratiquement aucun avantage à retirer du compte d’épargne libre d’impôt si c’est ce genre de produits que vous y mettez. L’année dernière, pourtant, plus de 50 % des quelque 130 milliards accumulés dans les CELI des Canadiens étaient constitués d’argent plus ou moins liquide et de titres à revenu fixe.

Pour l’investisseur boursier, par contre, le CELI est une bénédiction. Les gains en capital et les revenus en dividendes (sauf les dividendes des actions américaines et étrangères, sujets à une retenue à la source de 15%) sont désormais à l’abri de l’impôt. Ceux qui se plaignent que le fisc étouffe les ambitions des braves gens qui veulent s’enrichir en Bourse perdent leurs choux gras.

Les investisseurs qui gèrent déjà un imposant portefeuille de placements ne pourront en profiter tant que ça. Mais celui qui commence à investir est béni des dieux.

Imaginez : quelqu’un peut se lancer avec 41 000 dollars aujourd’hui. Et s’il parvient à générer rapidement des gains à l’intérieur du CELI, il est mort de rire. Il peut en retirer des sommes et y redéposer l’équivalent l’année suivante, sans impact fiscal. Plus 10 000 dollars chaque année.

C’est vrai que le fisc peut surveiller le type de transactions effectuées à l’intérieur du CELI et pénaliser les day traders. Mais pour celui qui investit à long terme, qui recherche des titres de qualité en vue de les conserver, le cadeau des conservateurs est inestimable.

C’est tellement un beau cadeau en fait que les investisseurs immobiliers doivent être jaloux. Sérieusement, dans ces conditions, pourquoi se faire embêter à l’heure du petit déjeuner par des locataires qui se plaignent que leur toilette est bouchée? Je vous le demande.

Le bon côté du budget

Il m’apparaissait injuste que les gouvernements incitent les gens à repousser leur retraite de quelques années sans modifier les règles qui entourent le fonds enregistré de revenu de retraite (FERR). Petit rappel, une personne est obligée de transférer l’argent accumulé dans son REER vers un FERR au plus tard le 31 décembre de l’année de son 71e anniversaire. L’épargnant est tenu ensuite de retirer de son de FERR une somme minimum chaque année, jusqu’à épuisement du capital.

Dans le budget d’hier, Joe Oliver a annoncé qu’il réduisait le montant obligatoire à retirer de manière à faire durer le capital plus longtemps et ainsi répondre aux préoccupations reliées à l’augmentation de l’espérance de vie.

Bravo! Mais il aurait pu en faire plus. En 2012, le même gouvernement a annoncé qu’à compter de 2023, l’accessibilité à la pleine pension de la sécurité de la vieillesse passerait graduellement de 65 à 67 ans.

Question : pourquoi alors ne pas repousser d’autant le moment où il est obligatoire de convertir son REER en FERR?

Lisez aussi cet avis contraire: Épargne: le CELI gagne en importance
Lisez notre article récapittulatif: CELI: la cotisation passe à 10000$, dès maintenant

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.