Merci quand même d'être passée, Uber

Publié le 13/05/2016 à 07:11

Merci quand même d'être passée, Uber

Publié le 13/05/2016 à 07:11

Comme vous savez, c’était la fête des Mères dimanche dernier. La mienne est venue souper chez moi. À la fin de la soirée, elle est repartie chez elle dans une Tesla commandée par le frangin avec l’application Téo Taxi de son iPhone. Ç’a compensé la «simplicité» de mon accueil, les haricots un peu trop cuits et l’absence de dessert.

Voiture luxueuse, service à l’avenant, habitacle de science-fiction, maman se sent comme la Reine d’Angleterre quand elle rentre à la maison en Tesla de Téo aux frais de ses enfants. Elle nous relate la moindre attention du chauffeur.

Téo représente un bond de géant dans l’industrie du taxi.

Bravo Alexandre Taillefer!

Mais aussi, merci Uber!

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N’eût été de toi, qu’on a jetée dehors hier, Téo n’existerait probablement pas encore aujourd’hui. Sans ton passage fracassant, les autres répartiteurs de taxi tarderaient encore à mettre en place une application mobile, un système de paiement digne de notre temps et la plupart des chauffeurs de Montréal se feraient tirer l’oreille pour accepter nos cartes de crédit.

Avant de présenter son projet de loi, hier, le ministre Jacques Daoust avait déclaré que ce n’était pas au gouvernement de modifier le cadre réglementaire pour accommoder les pratiques d’Uber, mais à Uber à ajuster ses pratiques pour entrer dans le cadre réglementaire en vigueur au Québec.

C’est comme insister auprès d’un enfant pour qu’il fasse entrer le cube dans le trou en forme de triangle de son jouet en plastique.

Ceux qui ont suivi un peu le dossier savent que c’était là une tâche impossible. Le système favorisait le statu quo et empêchait l’émergence de nouveaux modèles. Il étouffait l’innovation, mais plus encore, il entravait l’amélioration d’un service au mieux ordinaire.

Dans ce contexte qui ne laisse aucune place à l’alternative, il fallait donc être délinquant pour venir bousculer l’ordre établi. Et pour être délinquante, Uber l’était! Cette attitude cavalière, arrogante même, s’est avérée un ingrédient essentiel à son implantation. Mais aussi la cause, ultimement, de son rejet.

Mais Uber est restée assez longtemps pour bousculer une industrie enferrée dans ses pratiques et son cadre réglementaire anachroniques. Son passage laissera des traces durables, comme Téo, on l’espère, et des infrastructures de commande et de paiement dans l'air du temps.

J’aimais bien quand même l’idée d’une concurrence qui tienne l’industrie sur le qui-vive. Ça incite tout le monde à s’améliorer, et même certains chauffeurs à faire laver leur char.

Malheureusement, j’ai bien peur que la loi déposée hier ramène l’industrie de taxi dans ses vieilles pantoufles.

Merci quand même, Uber.

***

Endettement: pousse, mais pousse égal!

Relatant les grandes lignes d’un rapport de Desjardins sur la situation des ménages, je rappelais mardi qu’il fallait prendre avec un grain de sel la statistique sur le taux d’endettement en fonction du revenu disponible. Cette donnée est en hausse constante depuis quelques années, ça fait de bien belles nouvelles alarmantes, mais elle évolue simplement dans le même sens que les prix de l’immobilier.

Les gens ont de plus grosses dettes, mais ils ont plus d’actifs, alors ça contrebalance, disais-je.

Ce n’est pas la première fois que j’écris sur le sujet. Et chaque fois que je le fais, je reçois une quantité inhabituelle de courriels de lecteurs approbateurs, alors que je m’attendais plutôt à des messages m’accusant de banaliser l’endettement.

Dans ce temps-là, j’ai une petite crainte, celle d’avoir conforté des lecteurs endettés, peut-être trop. Et j’ai peur d’être mal compris. Une dette appuyée sur un actif est bénigne pour peu que vous ayez les moyens de vous acheter la maison et la remboursez. Si vos paiements hypothécaires vous empêchent de respirer et vous privent de toute marge de manoeuvre financière, que votre actif puisse couvrir votre dette n’y change rien: vous êtes dans le pétrin.

Aussi, le fait que vous ayez entre les mains un actif important n’est pas un prétexte pour vous en servir comme guichet automatique. Le rapport de Desjardins démontre que la marge hypothécaire se répand. Elle ne devrait être utilisée que pour des besoins précis, avec prudence, mais des propriétaires y voient plutôt une occasion d’utiliser l’équité de leur maison pour acquérir des biens de consommation.

Rappelons quand même un principe de base: l’immobilier enrichit celui qui se libère de ses dettes hypothécaires, pas celui qui les perpétue.

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Prendre son VUS sous l’influence de la drogue

Les publicités de VUS nous le démontrent : nous n’en avons pas besoin. Qui a déjà vu une horde de bonshommes de neige ou des bêtes rocheuses s’en prendre aux autos? Vous avez sûrement vu cette annonce exaspérante, elle roule depuis trop longtemps. On riait au début tellement elle était nulle. Mais au bout d’un moment, on se lasse. Et ça finit comme dans un film d’action, avec la petite famille dotée du VUS antimonstre qui sauve de la mort certaine une autre petite famille qui ne l’était pas.

Dans le segment des VUS, on n’est pas à la première publicité idiote. Prenez celle où la conductrice, roulant sur un boulevard, voit la ville autour d’elle se transformer en jungle!

Dans les deux cas, on pourrait croire à un trip de LSD. Mais le second semble mieux tourner.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.