Perdre de l'argent avec les fonds négociés en Bourse

Publié le 22/04/2010 à 08:03

Perdre de l'argent avec les fonds négociés en Bourse

Publié le 22/04/2010 à 08:03

Blogue.

Quand on parle des fonds négociés en Bourse (FNB), on peut facilement conclure qu’il s’agit d’un produit intelligent et avantageux.

Vous achetez par le biais d’un FNB un indice boursier et vous vous assurez ainsi le rendement de cet indice à très peu de frais.

Par exemple, si vous achetez le FNB lié à l’indice S&P/TSX, vous aurez le rendement de cet indice en payant moins de 0,5% de frais par année. Ce faisant, vous ferez mieux que la très grande majorité des investisseurs, professionnels et autres, sans tracas.

Ça c’est la théorie. La pratique elle….

D’une part, l’industrie financière, reniflant un bon filon (c’est-à-dire un produit qui se vend bien), a multiplié le nombre de FNB au point de dénaturer complètement sa nature (je pense ici aux FNB à gestion active).

D’autre part, il y a la nature de l’investisseur et ses travers qui font que le FNB, outil rationnel, est utilisé de façon stupide.

John Bogle, célèbre fondateur des fonds Vanguard (pionnier des fonds indiciels), a fait une étude pour comparer les rendements des indices à ceux des investisseurs qui ont acheté les FNB sous-jacents.

Sur cinq ans, les 79 FNB étudiés ont procuré un rendement annuel composé de 1 %, soit 6 % au total sur cinq ans (finissant en fin de 2008).

Par contre, ceux qui ont investi dans ces 79 FNB ont perdu 3,5 % par annuel, soit une perte de 12 % en cinq ans. Il y a donc un écart de 18% entre les deux.

L’écart entre le rendement du FNB et la performance des investisseurs est plus grand encore pour les FNB spécialisés. Par exemple, les FNB du secteur financier ont procuré un rendement de – 10,5 % par année (difficile période pour les titres financiers). Par contre, les acheteurs de ces FNB spécialisés ont perdu 28,6 % par année.

Autre exemple, les investisseurs dans les FNB des pays émergents ont subi une différence de rendement de 11,8% par année par rapport à la performance des FNB eux-mêmes (rendement des indices de 15,6 % par rapport à seulement 3,8% pour les investisseurs).

Ce qui revient à prendre des risques élevés sans être récompensés!

Pour comprendre exactement ce qui se passe, il vous manque une donnée. M. Bogle mentionne ainsi que le FNB de Standard & Poor’s appelé Spiders (SPY à NY), a eu un taux de rotation de 11 en 2009. Cela veut dire qu’en moyenne, l’investisseur a conservé ce FNB un peu plus d’un mois!!!

Wow. Ça c’est du placement à long terme!

Vous voyez ce qui arrive avec les FNB : les investisseurs les utilisent pour spéculer et finissent par perdre de l’argent et perdre aussi les avantages inhérents à ce véhicule.

Je répète donc ce que je conseille toujours : évitez tous les FNB sectoriels et spécialisés. Vous n’avez besoin que d’un ou deux FNB : un pour le marché canadien (basé sur l’indice S&P/TSX ou sur le S&P/TSX 60) et un pour le marché américain (basé sur le S&P 500).

L’autre ingrédient essentiel pour faire de l’argent avec les FNB : les conserver plusieurs années.

Bernard Mooney

P.S.En passant, si vous vous demandez pourquoi M. Bogle fait ce genre d’études (se tirant apparemment dans le pied), c’est qu’il est d’abord et avant tout apôtre du placement intelligent. B.M.

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