Émission de Porter : une décision facile

Publié le 21/04/2010 à 07:39

Émission de Porter : une décision facile

Publié le 21/04/2010 à 07:39

Blogue.

Lorsque je lis dans un prospectus qu’une société a 325 M$ de dettes par rapport à un avoir de 106 M$ sans qu’elle ait fait un sou de profits dans son histoire, je comprends qu’elle veuille vendre des actions. Par contre, je ne comprends pas l’acheteur de ces actions!

C’est le cas de Porter Airlines qui a déposé un prospectus provisoire vendredi dernier (16 avril) en vue de faire son premier appel public à l’épargne (PAPE). La société viserait ainsi une émission de 120 M$, selon le Globe & Mail.

J’ai pris l’habitude de toujours jeter un œil aux prospectus de PAPE, en partie par curiosité et en partie par le désir d’identifier une nouvelle société exceptionnelle.

Avant même de lire le prospectus de Porter, j’avais ma petite idée. En effet, j’en ai vu plusieurs sociétés dans le secteur aérien et du voyage apparaître avec, supposément, un modèle d’affaires attrayant.

Outre Westjet et Transat, toutes ont échoué! Et je vous dirais que même dans ces deux cas, c’est loin d’être des envolées de tout repos pour les actionnaires.

Après consultation du prospectus, je souhaite bonne chance à Porter car elle en aura besoin. La société fera son entrée en Bourse sans moi….

Pourquoi?

Parce que d’abord et avant tout, elle n’est pas rentable. C’est mon premier critère. Je comprends pourquoi elle ne l’est pas et cela fait du sens à l’intérieur de son modèle (elle doit atteindre une certaine masse critique avant de réaliser des profits). Mais, pour moi, cela ajoute un niveau de risque que je ne veux pas prendre.

Certes, la croissance des revenus est forte. Lancée en 2006, ses revenus sont passés de 36,7 M$ en 2007 à 151,2 M$ en 2009. Mais ça donne quoi des ventes si on ne les transforme pas en profits!

Elle a en effet perdu 4,6M$ l’an dernier et un total de 38,5 M$ depuis ses débuts.

Ensuite, Porter doit investir des sommes énormes dans ses immobilisations, pour démarrer et ensuite pour croître et maintenir ses activités. Et des avions ça coûte cher, la société ayant déboursé plus de 200 M$ en 2009 pour son expansion.

Ce qui veut dire que même lorsque (si?) la société fera des profits, une bonne partie, sinon la totalité devra être réinvestie dans ses activités. Difficile d’enrichir ses actionnaires dans ce contexte.

Enfin, l’industrie aérienne est d’une compétition féroce. Porter a l’avantage actuel d’utiliser l’aéroport Billy Bishop de Toronto, qui lui coûte beaucoup moins cher. C’est un avantage compétitif important.

Par contre, Air Canada par sa filiale Jazz, tente elle aussi d’y faire son nid. Et elle prendra tous les moyens pour y arriver.

En somme, les investisseurs à long terme devraient éviter le PAPE de Porter Airlines selon moi.

Qu’en pensez-vous?

Bernard Mooney

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