Mooney: Les vrais profits

Publié le 03/06/2013 à 08:44

Mooney: Les vrais profits

Publié le 03/06/2013 à 08:44

BLOGUE. Jadis, un grand débat entourait la rémunération basée sur les options, plusieurs entreprises considérant que ces options n’étaient pas une «vraie dépense» qu’on devait déduire des revenus comme toute autre dépense.

La question a été réglée lorsque les organismes responsables des normes comptables ont décidé qu’il fallait passer les options à la dépense. Les sociétés ont donc dû s’y conformer.

Sauf que les entreprises n’ont pas arrêté de récompenser leurs employés avec des programme d’options ou d’actions «fantôme». Et la plupart les reconnaissent comme il se doit dans leur état des résultats comme des dépenses.

«La plupart» signifie qu’il y a des exceptions, la majorité se retrouvant dans le secteur de la technologie et de la biotechnologie.

Dans l’hebdomadaire Barron’s de cette semaine, un article explique ce phénomène et ses conséquences.

En fait, bien des entreprises publient plusieurs versions de leurs bénéfices, la première étant celle conforme aux principes comptables généralement reconnus (GAAP). Et il y a les profits «non-GAAP», qui comprennent bien des versions différentes selon les industries et les directions.

Le principe de base des bénéfices «non-GAAP» est d’éliminer les éléments empêchant de bien voir la performance économique de l’entreprise, ce qui est en théorie noble. Par exemple, les charges reliées à l’amortissement d’intangible ne sont pas des dépenses économiques. L’investisseur devrait les ôter pour compter les vrais profits économiques.

Par contre, lorsqu’on ne tient pas compte dans les profits non-GAAP des dépenses reliées à la rémunération par actions, on trahit l’esprit du principe de ce type de bénéfices. En effet, peu importe la façon dont on récompense ou rémunère ses employés, il s’agit toujours d’une dépense.

Dans le secteur technologique, vous avez donc deux genres de sociétés, soit celles qui publient une seule sorte de bénéfices, conformes aux normes comptables. Et vous avez celles qui y ajoutent des profits «non-GAAP», surtout pour exclure les dépenses reliées à leur rémunération par actions.

Comme la plupart des analystes n’y voient pas de différence, vous vous retrouvez avec une grave injustice...

Par exemple, Microsoft, Apple et Intel publient des bénéfices comprenant tous leurs coûts. Ce qui signifie que leurs profits sont de bien plus grande qualité que des sociétés comme Salesforce.com qui met l’accent sur ses bénéfices «non-GAAP». Par exemple, les analystes prévoient un bénéfice par action de 0,49$US en 2013 pour cette société. Or, si vous passez à la dépense sa rémunération à base d’actions, sa rentabilité disparaît se transformant en perte de 0,29$US.

Plusieurs sociétés comme Amazon.com, Linkedin et Ultimate Software voient leurs bénéfices coupés de plus de moitié si on tient compte de leurs dépenses reliées à leur rémunération à base d’actions.

D’ailleurs, l’article du Barron’s devrait soulever un important débat concernant l’utilisation clairement abusive de ce type de rémunération. En effet, le risque évident est de voir toute la richesse générée par une société se retrouver dans les poches des employés aux dépens des actionnaires. Il est certain que les employés devraient profiter de la richesse et de la croissance de leur entreprise, mais les actionnaires aussi, n’est-ce pas?

Selon Barron’s, des compagnies comme Salesforce.com et Vmware accordent l’équivalent de 10% de leurs revenus en actions à leurs actionnaires (moyenne des cinq dernières années jusqu’en 2012). C’est 10 fois plus que des sociétés comme Apple et IBM et cinq fois plus que Oracle et Intel.

Enfin, le conseil le plus simple et le plus efficace que je puisse donner aux investisseurs est de tout simplement toujours tenir compte des dépenses liées à la rémunération par actions lorsqu’ils évaluent les sociétés.

Bernard Mooney

 

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