Mooney: JP Morgan, la grosse méchante banque...

Publié le 21/10/2013 à 09:15, mis à jour le 21/10/2013 à 09:46

Mooney: JP Morgan, la grosse méchante banque...

Publié le 21/10/2013 à 09:15, mis à jour le 21/10/2013 à 09:46

Photo: Bloomberg

BLOGUE. La nouvelle publiée en fin de semaine selon laquelle la méga banque JP Morgan paierait un record de 13 milliards de dollars (G$) US pour régler des poursuites risque de susciter bien des réactions.

Le règlement de 13G$US est lié aux nombreuses enquêtes en cours concernant la vente d’hypothèques avant la crise de 2008.

Les médias, à commencer par le Wall Street Journal, prennent le soin de mentionner que la banque dirigée par Jamie Dimon, est loin d’être sortie du bois, d’autres problèmes légaux l’attendant.

Pour plusieurs, ce sera une preuve de plus que les grandes institutions financières sont profondément corrompues, voire pourries. La preuve à bien des égards qu’elles sont les grandes responsables de la crise financière de 2008 et preuve également que rien n’a changé dans leurs comportements.

Une victime

Si vous pensez cela, vous serez probablement choqué en lisant qu’à bien des égards JP Morgan est une victime, plus qu’un monstre ou la réincarnation de satan.

Lorsque vous regardez les nuances et le contexte, vous voyez le dossier avec des yeux nouveaux.

JP Morgan est la plus grande banque américaine et à ce titre elle est la plus belle cible pour tous les fonctionnaires et politiciens ambitieux qui veulent donner un coup de pouce à leur carrière.

De plus, la banque est attaquée en grande partie pour des problèmes hérités lors des acquisitions de Bear Stearns et Washington Mutual. «Ils ont probablement eu une semaine pour faire ces acquisitions, a expliqué Warren Buffett, en entrevue la semaine dernière. Et Bear Stearns avait des centaines et des centaines de contrats de produits dérivés.

«Les gouvernements ont bien aimé cela lorsque Jamie Dimon a pris le contrôle de WaMu et Bear Stears», a continué d’expliquer M. Buffett, car cela éliminait de lourds problèmes aux autorités (les deux étaient sur le point de faire faillite).

Avec le recul, il est évident que JP Morgan aurait dû signer des contrats différents la protégeant de ce qui arrive actuellement. Mais, la firme n’a pas eu le temps. Tous les intervenants, à commencer par le gouvernement américain, voulaient rapidement en arriver à des ententes, au risque que d’autres dominos tombent, menaçant tout le système fnancier.

Si Warren Buffett parle ainsi, c’est d’une part qu’il se souvient, contrairement à bien des gens, le contexte en 2008. De plus, il a déjà été à la tête d’une grande institution financière: il a dirigé Salomon Brothers il y a quelques années.

«Si vous dirigez une grande banque et que le gouvernement menace de vous poursuivre, vous ne pouvez tout simplement pas vivre avec cela», a expliqué le grand investisseur. Avec vos licences dans les 50 états, vous êtes dans une terrible position pour négocier. J’ai été dans cette position et s’ils veulent une livre de viande, ils prendront une livre de viande. S’ils en veulent une tonne, ils peuvent la prendre aussi.»

Ce que Warren Buffett décrit de façon imagée, c’est l’abus de pouvoir systématique et inévitable dont peuvent être victimes les grandes institutions financières.

Il ne faut donc pas se laisser aveugler par les grands titres. D’accord, il y a eu bien des gestes douteux par des financiers, la plupart touchant la bulle immobilière dans le cycle précédent. Les financiers ne sont pas des anges, comme c’est vrai dans tous les domaines.

Je demeure convaincu, comme M. Buffett d’ailleurs, que M. Dimon est un excellent dirigeant. C’est plus un héros de l’industrie financière qu’un vilain sans être un ange.

«Si un policier vous suit à la trace pendant 500 milles, vous aurez une contravention», a lancé M. Buffett, dans une autre image qui vaut 1000 mots. Et JP Morgan a de nombreux policiers qui la suivent depuis longtemps.

Qu’on fiche la paix à cette grande institution!

Bernard Mooney

 

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