Mooney: des fissures dans l'immobilier canadien

Publié le 02/10/2012 à 09:01, mis à jour le 02/10/2012 à 09:01

Mooney: des fissures dans l'immobilier canadien

Publié le 02/10/2012 à 09:01, mis à jour le 02/10/2012 à 09:01

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Les plus importants marchés immobiliers au Canada montrent des signes inquiétants de faiblesse.

Par exemple, à Vancouver, les ventes de maisons sont en baisse alors que le nombre de maisons à vendre est en hausse. C’est un cas classique d’offre en hausse alors que la demande baisse. Le résultat est évident : des prix en baisse.

En août, dans le grand Vancouver, les ventes ont reculé de 21,4% par rapport au mois précédent, après avoir baissé de 11,2% en juillet et de 17,2% en juin.

Les optimistes disent que ce n’est qu’une simple faiblesse saisonnière. C’est avoir des lunettes roses car les ventes d’août ont été les plus faibles pour n’importe quel mois d’août des 12 dernières années et 40% plus basses que pour le mois d’août moyen.

De plus, le prix moyen à Vancouver est en baisse de 12% par rapport à il y a un an.

Il y a un ralentissement, c’est un fait.

À Toronto également, il y a des signes inquiétants. Les ventes de maisons existantes ont reculé de 12,4% en août par rapport à il y a un an. Les ventes de condos ont maintenant baissé d’au moins 10% à chacun des trois derniers mois.

Ces statistiques ont relancé le débat sur l’immobilier canadien, plusieurs prévoyant une calamité prochaine (un expert anticipe une baisse des prix pouvant atteindre 40%). Le problème avec ces prédictions c’est qu’elles s’appuient en bonne partie sur une éventuelle hausse des taux d’intérêt.

Il est vrai que la Banque du Canada a annoncé qu’elle était prête à relever les taux. Or, si on regarde le contexte économique international et nord-américain, je crois que notre banque centrale rêve en couleurs. Notre économie est loin d’être en forte croissance et les perspectives reposent en bonne partie sur la croissance de nos voisins américains.

De plus, le ralentissement du secteur immobilier sera un autre élément réduisant la croissance ici au Canada et cela pendant plusieurs années.

Tout cela pour dire que les dirigeants de la Banque du Canada y penseront deux fois avant de hausser les taux.

L’autre facteur qui pourrait faire dégringoler les prix immobiliers est une récession. Encore là, j’estime que si la croissance sera faible, nous éviterons tout de même la récession.

Ceci dit, à long terme, j’estime que le secteur immobilier sous-performera, sans subir de krach. C’est surtout vrai pour les marchés comme ceux au Québec où la spéculation et les prix n’ont pas atteint les sommets incroyables comme Vancouver et Toronto (par exemple, à Vancouver, le prix médian d’une maison est 10,6 fois le revenu moyen; seul le marché de Hong Kong est plus élevé).

L’écroulement du secteur immobilier a plus de chances de se faire au ralenti, sur 10 ans, que subitement.

Bernard Mooney

 

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