Les tribulations de notre dollar

Publié le 20/01/2014 à 10:49

Les tribulations de notre dollar

Publié le 20/01/2014 à 10:49

[Photo : Bloomberg]

Le 28 novembre j’ai écrit un commentaire sur les faiblesses de notre dollar, au moment où Goldman Sachs recommandait à ses clients de vendre à découvert la devise canadienne par rapport au dollar américain.

Six petites semaines plus tard, notre huard perdu des plumes, c’est le cas de le dire. Il est passé de 0,95$US à près de 0,90$US, ce qui est un mouvement monstre pour une devise en si peu de temps. C’est la pire performance de notre devise depuis 2009, au milieu de la crise financière (à ce moment, les investisseurs partout sur la planète se réfugiaient dans le dollar américain).

Que notre devise se retrouve à 0,90$US n’est pas une surprise. Il était surévalué et cela depuis des années. C’est la vitesse du mouvement qui me surprend. C’est comme si les investisseurs internationaux avaient soudainement réalisé la situation économique canadienne, avec le déficit du compte courant, la faible croissance économique, l’endettement élevé des consommateurs, les prix immobiliers gonflés et les perspectives ordinaires des secteurs liés aux ressources naturelles.

De plus, la direction de la Banque du Canada a cessé d’envoyer le message aux marchés qu’elle pourrait augmenter les taux d’intérêt directeurs. Au contraire, bien des intervenants croient que notre banque centrale pourrait abaisser les taux. Cela me semble toutefois un peu exagéré.

À 0,91$US, notre dollar reste un peu surévalué. À long terme, il devrait se retrouver vers les 0,85-0,80$US, soit un niveau plus représentatif de la productivité canadienne. Toutefois, il faut s’attendre à un repli à court terme, le mouvement récent étant un peu surfait.

Conséquences

Dans l’ensemble, la baisse de notre devise est une bonne nouvelle, la plupart des secteurs en profitant. En lisant une recherche à ce sujet publiée par une firme de courtage québécoise, j’ai été frappé par le nombre élevé d’entreprises et de secteurs voyant leur rentabilité affectée positivement par la dévaluation du dollar canadien.

Par contre, l’ampleur de l’impact est faible et souvent très difficile à mesurer. Vous ne devriez donc pas en faire un critère de sélection pour vos titres. En théorie, la société la mieux placée pour en profiter est celle qui vend en dollars US tout en ayant l’ensemble de ses coûts en dollars canadiens.

À l’inverse, les sociétés aériennes comme Air Canada, WestJet et Transat A.T. sont parmi les rares perdants.

Air Canada, par exemple, défraie une grande partie de ses coûts en dollars américains, des dépenses comme le carburant, les baux, une partie de l’entretien, etc. De plus, la plus grande partie de sa dette est dénominée en dollars US, ce qui fait qu’une devise canadienne plus faible signifie qu’il faut plus de dollars pour payer ses intérêts et rembourser sa dette.

Il faut faire toutefois attention avant de conclure trop rapidement, car les sociétés aériennes peuvent exiger une surcharge liée au taux de change, éliminant en partie l’impact négatif.

Enfin, la baisse de notre dollar fait en sorte qu’il en coûte plus cher pour acheter des titres américains. Il semble que la période où on pouvait acheter des actions US avec un dollar à parité est révolue!

L’acheteur paie ainsi une prime d’environ 10% pour ses titres américains. Cela les rend un peu plus chers, certes. Toutefois, si vous voyez cela à long terme (cinq à dix ans), cela ne change pas vraiment leur attrait fondamental.

Bernard Mooney

 

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