L'occasion d'une vie

Publié le 15/10/2014 à 10:24

L'occasion d'une vie

Publié le 15/10/2014 à 10:24

Warren Buffett ne fait pas de prédictions souvent et encore moins des recommandations. Or, il a fait une recommandation plus tôt ce mois-ci lors d’une conférence organisée par la magazine Fortune.

«Avec une hypothèque fixe de 30 ans autour de 4%, ne lésinez pas. C’est l’occasion d’une vie», a-t-il lancé.

M. Buffett voit dans cette hypothèque une occasion en or pour de nombreuses raisons. D’abord, parce qu’elle est peu coûteuse. La moyenne pour les deux dernières décennies est de plus de 6%. De plus, si les taux baissent, le détenteur peut refinancer pour en profiter. Et si les taux montent, il n’a qu’à la conserver.

En outre, c’est une belle façon de vendre à découvert le dollar américain et de se protéger contre l’inflation, a ajouté Warren Buffett. En effet, si la valeur du dollar s’écroule, votre placement dans votre maison prendra de la valeur alors que vous rembourserez votre hypothèque avec des dollars dévalués (dans la situation d’un Américain, bien sûr). Et si l’inflation s’enflamme, le détenteur est également à l’abri, car il n’est pas affecté par les hausses de taux d’intérêt.

Depuis que M. Buffett a mentionné cela, les taux des hypothèques américaines de 30 ans ont continué de baisser. L’hypothèque type de 30 ans est à 4,13% alors que certaines catégories sont disponibles à des taux aussi bas que 3,875%.

Cela commence à être une baisse significative lorsqu’on sait que le taux depuis environ un an était dans les 4,5%.

Warren Buffett a parlé des hypothèques de 30 ans parce qu’il ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de ruée vers ces titres de dettes. Le rebond du secteur de la construction a été tiède, plus faible en tout cas que ce qu’il anticipait. Pourtant, il y a reprise de l’économie, l’emploi rebondit et les taux d’intérêt demeurent très bas.

À mon avis, cela s’explique par de nombreux facteurs en commençant par les traumatismes provoqués par la crise financière d’il y a six ans. Bien des Américains n’ont pas oublié et l’histoire d’amour par la maison est devenue une histoire de haine, ou au moins de méfiance.

De plus, les banques ont des critères beaucoup plus sévères qu’avant la crise. L’histoire de l’ancien dirigeant de la Réserve fédérale Ben Bernanke, qui s’est fait refuser le refinancement d’une maison, a fait couler beaucoup d’encre aux États-Unis. Et pour cause car cela démontre jusqu’à quel point les banques sont difficiles quand vient le temps d’approuver une hypothèque.

Enfin, la formation de nouveaux ménages a été freinée par la dernière récession et elle rebondit plus lentement que prévu.

Tout cela fait en sorte que la reprise immobilière américaine se fait à un rythme plus modeste. Toutefois, à long terme, tous les facteurs sont en place pour qu’elle accélère. Il faut seulement de la patience.

La baisse des taux d’intérêt depuis quelques mois a une leçon aussi pour les investisseurs canadiens. En effet, lorsque vous regardez le panorama financier à la recherche d’un bon placement à long terme, vous constatez que les rendements offerts par les titres à revenu fixe sont anémiques. Et vous constatez aussi qu’il n’y a pas grand autre option outre le marché boursier. À long terme, il est sensé de croire que la Bourse continuera d’attirer les capitaux. Elle n’a tout simplement pas de compétition.

Bernard Mooney

 

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