Cette fixation sur le dollar US…

Publié le 16/03/2015 à 08:28

Cette fixation sur le dollar US…

Publié le 16/03/2015 à 08:28

Photo: Bloomberg

Il est vrai que l’appréciation du dollar américain, par sa vitesse et son ampleur, peut faire peur. Toutefois, il ne faut pas oublier les aspects positifs.

En effet, cette hausse est en grande partie le reflet d’une situation fondamentale positive. Autrement dit, si on exclut le bruit et la volatilité que cela provoque, la force du dollar est une bonne nouvelle.

L’élément central derrière la performance du billet vert est le fait que l’économie de nos voisins du Sud s’améliore, à la fois sur une base absolue et aussi sur une base relative (par rapport, entre autres, à l’économie canadienne et à bien d’autres en Europe). Il me semble que c’est une bonne nouvelle, autant pour les Américains que pour leurs partenaires commerciaux, comme nous.

L’autre élément crucial, si souvent oublié, est le fait que bien des devises étaient nettement surévaluées. On a déjà parlé fréquemment de notre dollar, mais c’est aussi vrai pour l’euro. Il fallait débourser plus de 1,40$US pour acheter un euro en 2011, ce qui selon moi était le reflet d’une incroyable boulimie monétaire ou financière.

Aujourd’hui, il faut moins de 1,05$US, ce qui est plus fidèle à la réalité économique de bien des pays de l’Union européenne.

Évidemment, le fait que cette correction dans la valeur de l’euro se soit faite en quelques mois peut donner des frissons. Mais c’est ainsi que fonctionnent nos marchés financiers…

Un autre élément à ne pas oublier, c’est que la dévaluation de l’euro contribuera à relancer les économies européennes, améliorant la compétitivité des exportateurs. Aux États-Unis, la vigueur du dollar aidera à faire en sorte que les flammes inflationnistes restent bien mortes.

L’appréciation du dollar rend les politiques monétaires des autres pays automatiquement plus accommodantes tout en ayant l’effet inverse aux États-Unis, diminuant donc le besoin de hausser les taux d’intérêt.

Les effets négatifs

Par ailleurs, il est certain que ce nouveau climat pro-dollar US a des conséquences négatives. Il frappe les multinationales américaines de plein fouet. De plus, bien des investisseurs ont vécu grassement lors des dernières années en basant leurs stratégies en bonne partie sur l’idée que le dollar US se déprécierait. Ce n’est plus vrai et ils ont des problèmes à accepter la réalité et les faits.

Enfin, l’idée souvent mentionnée qu’un dollar américain en hausse est négatif pour la Bourse et pour les bénéfices des sociétés n’est pas vraiment fondée. Comme l’expliquait Brian Belski, stratège en chef pour BMO marchés des capitaux, dans une recherche publiée la semaine dernière, il n’y a pratiquement pas de corrélation entre les changements de la croissance des bénéfices et le dollar US.

Et à plus long terme, depuis 1978, il y a eu des périodes de baisses du dollar pendant que le marché boursier faisait bien, tout comme des périodes d’appréciation de la devise américaine pendant que le S&P 500 performait très bien. Par exemple, de décembre 1987 à février 2002, le dollar US s’est apprécié considérablement alors que le S&P 500 réalisait un rendement annuel composé de 11,2%.

La même chose d’octobre 1978 à mars 1985.

Conclusion: le grand marché haussier actuel du dollar américain n’est pas une raison de craindre le pire pour la Bourse.

Bernard Mooney

 

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