Marie-Christine Gaudreault et Jean-Philippe Pagé sont du genre précoce. À 22 et 23 ans, ils viennent de mettre la main sur une copropriété flambant neuve dans le quartier Lebourgneuf, à Québec.
Mieux encore : ils ont pu effectuer une mise de fonds de 40 000 $, soit plus de 20 % des 195 000 $ qu'a coûté leur propriété, en incluant les taxes et les extras.
Il faut dire que le couple a eu l'épargne facile au cours des dernières années. Marie-Christine est agente de bord pour Air Transat depuis quatre ans. Quant à Jean-Philippe, il est négociateur en valeurs mobilères chez Capital Trading, de Québec, depuis un mois et demi.
Et il a une autre carte dans son jeu. " J'ai eu la chance d'empocher de l'argent avec le poker en ligne, dit-il. Depuis 2006, j'ai probablement gagné environ 80 000 $. "
Avant l'achat, le 15 décembre dernier, le couple a aussi pu faire d'importantes économies en s'installant chez la mère de Jean-Philippe pendant un an.
" Cela nous a permis de mettre des sous de côté ", dit Marie-Christine.
Le condo se répand à Québec
" Le marché le plus chaud en ce moment, c'est celui des copropriétés, dit Claude de Rico, évaluateur chez De Rico Hurtubise, à Québec. J'ai des amis qui les vendent comme des hot-dogs. "
Les constructeurs investissent massivement le marché des premiers acheteurs, avec des unités de moins de 200 000 $.
Dans le marché de la revente, " la part de la copropriété est passée de 16 à 23 % dans la capitale ", mentionne Élizabeth Koulouris, analyste de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) pour la ville.
Les copropriétés sont le compromis idéal pour les acheteurs en quête de produits abordables, car le prix des maisons continue de grimper en flèche, comme si le ralentissement économique n'était qu'une vue de l'esprit à Québec.
En 2009, la capitale a connu la plus forte hausse annuelle du prix des maisons neuves de tout le Canada, soit 6,2 %.
Coût des terrains exorbitant
Le coût des terrains est le grand responsable de cette hausse de prix. Selon la SCHL, il a augmenté de 45 % à Québec de 2006 à 2009. " Les promoteurs se les arrachent ", dit M. de Rico. Malgré la crise économique, le taux de chômage est le plus bas des grandes villes du Québec, à 5,1 %. Le solde migratoire est largement positif. C'est la recette parfaite pour un marché immobilier en ébullition.
Dans les arrondissements les plus recherchés, Sainte-Foy et Sillery, il n'y a tout simplement plus de terrains disponibles. Les riches achètent de vieux bungalows pour les détruire et reconstruire à neuf, raconte M. de Rico. Les autres se rabattent sur les secteurs où il est encore possible de trouver des terrains, comme Lebourgneuf à l'ouest, Beauport à l'est et Lévis, de l'autre côté du fleuve.
Marie-Christine et Jean-Philippe ont choisi le quartier Les Rivières, en pleine expansion, à l'ouest de l'autoroute 73. Sur la rue des Aïeux, 24 immeubles de six unités chacun s'alignent sur des terrains encore boueux.
Une croissance de 10 % en deux ans
Le couple est plutôt fier de son acquisition. " Depuis que nous avons acheté, le constructeur a déjà augmenté le prix des unités de 10 000 $ ", dit Jean-Philippe. Il s'attend à ce que sa copropriété ait une valeur de 220 000 $ dans trois ans.
C'est réaliste, du moins si l'on se fonde sur les chiffres de la SCHL. L'organisme prévoit une hausse de 6 % du prix des propriétés en 2010, et de 4 % en 2011 dans la région. Pendant les années suivantes, par contre, les prix devraient progresser au même rythme que l'inflation, prévoient les experts.
