Ces immigrants dont on ne peut plus se passer

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Ces immigrants dont on ne peut plus se passer

Publié le 11/05/2013 à 00:00

La MRC des Etchemins, à l'est de la Beauce, a besoin de renfort.

Elle est loin d'être la seule région dans ce cas. Le vieillissement de la population affaiblit des collectivités qui n'arrivent plus à se renouveler. Pour compliquer la situation, certaines entreprises locales mises en vente par des propriétaires âgés ne trouvent pas preneur. Leur fermeture éventuelle risque d'accélérer le déclin des municipalités touchées.

C'est pour tenter de trouver des forces fraîches que le directeur général du Centre local de développement (CLD) des Etchemins, Yvon Lévesque, est venu à Montréal la semaine dernière. L'occasion était belle : on tenait au Palais des congrès le Salon de l'immigration et de l'intégration, un événement déjà populaire même s'il n'en était qu'à sa deuxième présentation.

Employeurs potentiels, fournisseurs de services, établissements d'enseignement et autres organisations intéressées par l'immigration y ont affiché leurs couleurs, vendredi et samedi, tandis qu'une foule curieuse et bigarrée se pressait autour de leurs kiosques.

Yvon Lévesque, lui, était à la recherche de candidats entrepreneurs. Au dernier décompte, une vingtaine d'entreprises étaient à vendre dans sa MRC. Pas nécessairement grosses, mais quand même stratégiques, surtout des commerces de proximité : épiceries, garages, dépanneurs... des services dont on ne peut pas se passer. Il est donc important de trouver des repreneurs en mesure de poursuivre leurs activités. Et comme les prétendants locaux se font rares, pourquoi ne pas se tourner vers les immigrants ?

Oui, mais encore faut-il en dénicher qui soient prêts, eux, à oublier la grande ville pour aller vivre en région. Selon les dernières statistiques, près de 90 % des 50 000 immigrants que le Québec a accueillis en 2012 ont choisi de s'installer dans la région métropolitaine de Montréal. Or, tous les coins de la province cherchent à en attirer chez eux.

Convaincre des familles néo-québécoises

Il suffisait de se promener dans les allées du Salon pour s'en rendre compte. Gatineau, Granby, Drummondville, Rivière-du-Loup, Matane et autres... Au kiosque de l'organisme Portes ouvertes sur le Lac, le service d'accueil pour immigrants du Lac-Saint-Jean, on m'a expliqué que l'objectif, pour 2013, était de convaincre 10 familles néo-québécoises de déménager dans chacune des trois MRC que compte la région. Et ça jasait ferme avec les visiteurs de passage au kiosque.

Sans compter le fait que les employeurs sont eux-mêmes en quête de main-d'oeuvre. Comme Rotobec, un fabricant d'équipements de manutention établi à Sainte-Justine, dans la MRC des Etchemins. Rotobec a besoin de gens de métier pour répondre aux commandes qui viennent d'un peu partout en Amérique du Nord. «Il leur fallait des soudeurs et ils n'en trouvaient pas ici : ils en ont recruté 15 du Costa Rica !» m'a dit Yvon Lévesque.

Leurs familles s'installeront-elles à Sainte-Justine ? Leurs enfants aideront-ils l'équipe de soccer locale à rafler les honneurs des prochains tournois régionaux ? Leurs proches rachèteront-ils les épiceries à vendre, en offrant plus de ces saveurs d'ailleurs, dont les Québécois sont aujourd'hui friands ? C'est ce dont rêvent les Yvon Lévesque de ce monde, et tous ceux qui, comme lui, s'échinent à diversifier la démographie de leur territoire.

Mais pour que l'intégration des immigrants soit pleinement réussie, il faut leur permettre de gagner leur vie à la hauteur de leurs compétences. C'est là un débat qui rebondit sans cesse au Québec, avec quelques avancées ici et là, mais aussi, malheureusement, avec des histoires toujours désolantes. Prenez celle de ce médecin généraliste arrivé récemment de la Guinée Conakry. Son témoignage est présenté dans le guide Travailler au Québec, publié par Immigrant Québec (également maître d'oeuvre du Salon). Après des mois de démarches, il a fini par trouver du travail comme... préposé aux bénéficiaires.

Il devait s'attendre à devoir mettre ses connaissances à niveau en arrivant ici, mais à ce point-là ? Désormais, dit-il, son objectif à moyen terme est de suivre une formation de deux ans pour devenir infirmier. Père de deux jeunes enfants, il admet que «c'est très frustrant de devoir tout recommencer à zéro. Il faut avoir un moral d'acier, mais rien n'est impossible. Tout est une question de temps».

Tant mieux s'il réussit à s'accrocher. Le Québec des villes et des régions a décidément besoin de gens comme lui.

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«À la fin des années 1970, début 1980, la France avait mis sur pied un programme de retour au pays [...] Mais très rapidement, les commerçants ont discrédité ce programme, car ils rencontraient beaucoup de difficultés économiques. La raison ? Les immigrants qui quittaient étaient des consommateurs ! Tout une surprise pour ces même commerçants qui, dans les années précédentes, participaient aux hurlements de la meute qui souhaitait les voir partir.»

- bberni

«Au moins, si le FMI dit vrai, la situation pourrait commencer à se rétablir en Grèce à partir de 2014.»

- hervé2

Pour que l'intégration des immigrants soit pleinement réussie, il faut leur permettre de gagner leur vie à la hauteur de leurs compétences.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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