Rouler plus vert grâce à ces innovations québécoises

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Rouler plus vert grâce à ces innovations québécoises

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Par Alain Duhamel

Le Québec n'assemble plus de voitures de série depuis 2002 et n'a pas monté une locomotive neuve depuis des lustres. Et pourtant, son industrie de la conception, de la fabrication et de la transformation du matériel de transport terrestre est prospère.

" La force du Québec réside dans les véhicules spécialisés, dit Raynald Aubin, directeur de portefeuille dans le secteur du matériel de transport au Fonds de solidarité FTQ. On considère que nos entreprises produisent de la qualité. Nous sommes novateurs et forts, même avec notre dollar au pair. "

L'industrie québécoise du matériel de transport s'est engagée dans la voie verte et met les poids lourds au régime : matériaux légers, aérodynamisme, propulsion hybride, tous les moyens seront bons pour réduire la consommation de carburant et les émissions de GES.

" C'est nouveau, affirme Denis Bertrand, président et chef de la direction du groupe Sigma Industries, un manufacturier spécialisé dans les applications de matériaux composites. La réduction du poids est devenue une préoccupation majeure partout dans le monde. "

L'industrie québécoise du matériel de transport terrestre a des atouts. " Nous avons la réputation de produire de la qualité et nous avons la capacité d'innover ", ajoute M. Bertrand.

Découvrez cinq entreprises qui s'illustrent dans cette voie.

PRÉCICAD

Des petits véhicules électriques dans l'usine

L'aluminerie Alouette, de Sept-Îles, utilise depuis un an des petits camions silencieux pour déplacer ses employés et le matériel. Ces véhicules électriques en aluminium ne ressemblent en rien aux vraquiers géants qui accostent au port de la ville; ce sont de petits véhicules, que leur concepteur et constructeur, Précicad, de Québec, appelle Kargo Light.

" Nous avons amorcé ce projet en 2008 en partant d'une feuille blanche, raconte Pierre Dion, président de Précicad. Alouette, qui s'intéressait au développement d'un véhicule en aluminium, a été notre laboratoire et un partenaire extraordinaire. L'aluminerie nous a fourni une vitrine intéressante; nos camions iront dans les alumineries du monde entier. "

Les Kargo Light ont une autonomie d'environ 40 kilomètres et peuvent atteindre une vitesse de 50 km/h. Pour maximiser leur utilisation sans interruption pour les recharges, les camions sont munis de batteries interchangeables; ils sont modulables selon l'usage qu'on en fait.

À ce jour, une douzaine de ces petits camions destinés à un usage industriel surtout sont en service. L'an prochain, la production devrait passer à 150 unités, puis grimper à 350 l'année suivante. Le montage et l'assemblage des camions se feront à Sept-Îles.

L'équipe de Précicad, fondée en 1993, se compose d'une trentaine d'ingénieurs, de designers industriels, de dessinateurs et de techniciens. L'an dernier, elle a remporté le Prix de l'innovation de l'Association des manufacturiers d'équipement de transport et de véhicules spéciaux.

ISAAC INSTRUMENTS

" Boîte noire " pour camions

Grâce à des systèmes de mesure embarqués, les manufacturiers et les exploitants de parcs de camions savent tout, mais absolument tout, de la performance réelle de chacun de leurs véhicules sur la route, de sa consommation de carburant et même de son rendement entre les mains de chauffeurs expérimentés.

La télémétrie véhiculaire mise au point par Isaac Instruments, une petite entreprise de Chambly, est au camionnage ce que la boîte noire est à l'aviation. Dans les sociétés de transport, cette information sert à la formation des chauffeurs et à la diminution de la consommation de carburant grâce à l'amélioration de leur conduite.

" Nous constatons qu'en général, grâce à nos systèmes, les meilleurs chauffeurs s'améliorent encore ", dit Jacques De Larochellière, président d'Issac Instruments.

La PME exporte dans neuf pays. " Nous nous démarquons parce que nous servons deux marchés : celui des manufacturiers de camions et celui des grands exploitants de parcs. Il faut être innovateur, car les manufacturiers ont chacun des protocoles différents. "

En juin, l'Ordre des ingénieurs du Québec a décerné à Isaac son prix d'excellence Génie Innovation 2010.

DEMERS

Une ambulance verte

Les ambulances passent de 35 à 65 % de leur temps à attendre les appels. Et le moteur doit fonctionner jour et nuit, au ralenti durant les temps morts, pour alimenter tous systèmes qu'elles transportent. Précieuses, les ambulances, mais très énergivores et grandes émettrices de GES...

Pour réduire leur consommation de carburant, Demers Ambulance, de Beloeil, en collaboration avec Canadian Extreme Climate Systems, de Selkirk, en Ontario, a installé dans une ambulance un système hybride pour le fonctionnement au ralenti. Il s'agit d'un moteur auxiliaire qui prend le relais du moteur principal dès que l'ambulance est en attente; un prototype d'ambulance verte a été mis en service dans le comté de Simcoe, en juin. Il s'agit d'une première dans l'industrie nord-américaine des véhicules d'urgence. " Demers a toujours été innovante, c'est un peu dans notre ADN ", affirme Alain Brunelle, pdg.

Ainsi, l'an dernier, le manufacturier a installé un nouveau dispositif de sa conception qui sécurise et facilite l'intervention des ambulanciers pendant le transport d'un blessé : tout en restant assis et bien attaché à son siège, le paramédic peut se déplacer de la tête au pied du patient sans risque, même quand l'ambulance file à vive allure vers l'hôpital.

" Nous n'allons pas concurrencer les manufacturiers américains sur les prix, dit M. Brunelle. Nous voulons être différents pour nous démarquer auprès des ambulanciers et des paramédics. "

Demers Ambulances emploie 150 personnes et fabrique environ 700 véhicules d'urgence et de secours par an.

SIMARD SUSPENSIONS

Une suspension qui accroît la capacité portante des véhicules

Au milieu des années 1990, André-Marie Simard, de Baie-Saint-Paul, rêvait de mettre sur pied dans Charlevoix une entreprise spécialisée dans la fabrication et l'installation des systèmes de suspension à balancier qu'il avait conçus et fait breveter. Sa société, Emmanuel Simard et Fils, employait alors 19 personnes dans des locaux exigus à Rivière du Gouffre.

En 2010, cet artisan de génie ne rêve plus : l'entreprise, renommée Simard Suspensions, croît à Baie-Saint-Paul, emploie une centaine de personnes et vend partout en Amérique ses propres suspensions.

Les systèmes de suspension Simard augmentent la capacité portante des poids lourds de 10 à 30 %, en répartissant mieux la charge.

La gamme des produits s'est élargie. Simard Suspensions détient maintenant des brevets sur huit produits et offre quelque 300 configurations différentes de suspensions.

" Nous continuons à faire du développement de produits, dit David Tremblay, directeur général de l'entreprise. Dans notre équipe de R-D, nous avons des ingénieurs et... des ingénieux ! "

L'usine de Baie-Saint-Paul, construite au tournant du siècle puis agrandie en 2008, transforme jusqu'à 1 000 camions par année. Son travail se fait sous le châssis pour installer des suspensions et, au-dessus, pour installer de l'équipement, telle une bétonnière ou une benne. " Nous sommes les seuls à combiner les deux opérations ", dit David Tremblay.

L'entreprise compte aussi une usine en Alberta et, depuis l'an dernier, livre des modules de suspension à l'américaine Mack Trucks, de Pennsylvanie.

FRYGY CUBE

Transporter des produits surgelés en polluant moins

" Nous sommes sur la piste de décollage ", dit Michel Tétreault, un ancien pilote devenu président d'une entreprise de fabrication de systèmes de réfrigération pour le transport des produits alimentaires surgelés, Frygy Cube International, de Sherbrooke. Après trois années de R-D et d'essais, Frygy Cube amorce le plus difficile : le démarrage et la commercialisation.

À la différence des autres systèmes de réfrigération embarqués fonctionnant au diesel, le Frygy Cube utilise l'électricité. Résultats : il consomme peu d'énergie, est silencieux et non polluant. La nuit, il se recharge et emmagasine le froid qu'il utilise pour conserver les produits au froid pendant une période de 8 à 12 heures. " Nous sommes verts, verts, verts... Un vert qui se tient au frais en plus ", blague l'entrepreneur.

Frygy Cube, qui détient des brevets pour le Canada et les États-Unis, a remporté il y a deux ans le Grand Prix Rio TintoAlcan de l'Innovation décerné par l'Asssociation des manufacturiers d'équipements de transport et de véhicules spéciaux.

dossiers@transcontinental.ca

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