Les imprimantes 3D passent à l'action

Publié le 15/09/2012 à 00:00, mis à jour le 13/09/2012 à 09:11

Les imprimantes 3D passent à l'action

Publié le 15/09/2012 à 00:00, mis à jour le 13/09/2012 à 09:11

L'impression 3D, qui servait presque exclusivement à faire du prototypage à ses débuts, est aujourd'hui un moyen de production à part entière. Alors que des particuliers impriment des tirelires ou des moules à glaçons, des entreprises utilisent la technologie pour produire des pièces sur mesure.

Avant de mettre en production un nouveau véhicule, Bombardier Produits Récréatifs a recours à l'impression 3D pour effectuer des tests. La pratique, qui permet de repérer des problèmes avant d'aller en production, est répandue chez les grands manufacturiers depuis de nombreuses années. Et grâce à la baisse des prix, un nombre grandissant de PME emploie cette technologie. C'est le cas d'Ungava, de Québec, qui a déboursé 40000$ pour mettre la main sur une imprimante 3D l'an dernier.

L'entreprise fabrique de petits volumes d'instruments d'imagerie par ultrasons, qui peuvent aussi bien servir à échographier une truie qu'à inspecter des soudures. Comme Ungava développe sans cesse de nouveaux modèles, elle gagne beaucoup de temps en imprimant ses instruments : « Nos prototypes sont assez rigides pour fonctionner, mais leur durée de vie est inférieure au produit usiné, explique Guillaume Alarie, designer industriel chez Ungava. Notre imprimante 3D n'est donc pas un moyen de production, mais elle nous permet de simplifier le processus de vérification et d'aller plus rapidement en production. »

Au-delà du prototypage

Les premiers modèles d'imprimante 3D, commercialisés dès les années 1980, ne produisaient que des objets fragiles. Aujourd'hui, les imprimantes 3D ne sont plus circonscrites autour du créneau du prototypage : « Ce qui est nouveau, ce sont les matériaux utilisés, dont des polymères de plus en plus complexes, qui miment très bien les plastiques industriels », dit Olivier Smiljanic, président de Fablab, une entreprise montréalaise qui offre des services d'impression en 3D.

Replico, un manufacturier et installateur de corniches situé à Montréal, a commencé à installer sur les toits de ses clients des pièces imprimées en 3D en juillet dernier. La PME sous-traite l'impression de ces pièces à un tiers. « Nous faisons imprimer de petites moulures présentant un angle de 45 degrés pour dissimuler les joints, explique Patrick Lussier, propriétaire de la PME. Ces petites moulures viennent cacher les imperfections et permettent à nos employés de travailler plus rapidement. »

Bien que la technologie soit surtout utilisée à des fins industrielles, les experts s'entendent pour dire qu'elle pourrait révolutionner l'industrie du détail. Les plus enthousiastes évoquent un monde où on téléchargerait un pied de lampe sur Internet avant de l'imprimer, de la même manière qu'on télécharge une chanson sur iTunes.

« La technologie pourrait avoir un impact à long terme, car c'est le seul moyen d'offrir des produits entièrement personnalisables, estime Saibal Ray, professeur en gestion de la production manufacturière à l'Université McGill. Ça pourrait avoir lieu dans 5 ans aussi bien que dans 20 ans. »

Olivier Smiljanic ne doute pas que les imprimantes 3D transformeront le marché des biens de consommation : « La fabrication d'objets va s'orienter vers de petites séries, vers du "sur mesure", car les gens recherchent de plus en plus l'exclusivité », soutient-il.

Alors qu'il est possible de se procurer une imprimante 3D destinée aux entreprises pour seulement 10000 $, celles qui sont destinées aux consommateurs se détaillent parfois à moins de 1000 $. Bien qu'elles soient moins précises, ces dernières sont tout particulièrement populaires auprès des bricoleurs. Aux États-Unis, l'un d'entre eux a attiré l'attention, en juillet, en construisant un fusil semi-automatique de style AR-15 à l'aide d'une boîte de culasse en plastique qu'il avait imprimée. Le champ d'action de l'impression 3D ne semble pas avoir de limites. En 2012, la technologie a été employée pour produire des steaks, un fusil d'assaut et des exosquelettes pour les enfants en bas âge.

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