Comment prendre sa place

Publié le 19/03/2011 à 00:00

Comment prendre sa place

Publié le 19/03/2011 à 00:00

Lancer des satellites, concevoir des jeux vidéo, accroître l'efficacité énergétique des bâtiments... Trois jeunes ingénieurs expliquent comment ils ont pris leur place.

CHARLES JULIEN

Du rêve vert à la réalité

Lorsqu'il a quitté les bancs de Polytechnique, diplôme de génie mécanique en poche, Charles Julien avait un rêve : rendre le monde plus vert, un bâtiment à la fois. Après cinq ans chez Dessau, il a vite réalisé que les solutions toutes faites n'existaient pas. " Quand on sort de l'école, on a de belles intentions, mais c'est parfois un peu naïf. Par exemple, concevoir un bâtiment vert avec la géothermie pour source d'énergie n'est pas toujours une solution applicable, selon le type de projet, le budget, la réalité du client ", indique le jeune ingénieur.

Sur le terrain, les grands principes doivent passer le test de la réalité. " C'est comme si, en sortant de l'école, nous avions un sac à dos rempli de pièces de casse-tête. Le plus difficile reste à venir : les assembler ", compare-t-il. Mais Charles Julien n'a pas mis de côté ses convictions pour autant. Aujourd'hui, il est accrédité LEED et continue de s'engager dans des projets de développement durable.

" Dès mon arrivée en poste, j'ai eu la chance de participer au projet d'agrandissement et de réaménagement de l'Hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil. Ce projet a permis, grâce à des procédés de récupération de chaleur, de diminuer la consommation énergétique de l'établissement de 30 % ", explique-t-il. Un projet salué par l'industrie, et qui a remporté le prix ASHRAE Technology Award 2011, " l'équivalent des Oscars en mécanique du bâtiment ! ", dit-t-il.

S'il est fier de cette réalisation, le jeune homme est conscient de n'avoir joué qu'un petit rôle dans ce mandat. Car en début de carrière, les nouveaux diplômés doivent passer par le juniorat, période durant laquelle ils travaillent sous la supervision d'un ingénieur expérimenté.

" Aujourd'hui, je travaille comme concepteur et chargé de projet. Les mandats sont plus petits, mais j'y joue un rôle clé, ce qui augmente la pression. " Si un problème se pose, il faut oser prendre une décision. " Ce n'est pas toujours simple, mais si nos calculs sont exacts, que notre raisonnement tient la route, il faut trancher. "

FRÉDÉRIC RODRIGUE

Le jeu, c'est sérieux

Faire sa place dans une nouvelle équipe demande un peu de temps, a constaté Frédéric Rodrigue, ingénieur junior en génie informatique. " Quand on arrive, on a la tête remplie d'idées, mais les gens ont plutôt tendance à faire confiance aux personnes expérimentées. Il faut donc faire ses preuves "

C'est ce qu'il a fait lorsqu'il est arrivé en poste à Sarbakan, un concepteur de jeux vidéo de Québec. " Je travaillais sur un jeu sur le thème d'Où est Charlie. Mais l'environnement où se camoufle le personnage était trop grand pour la mémoire ", se rappelle-t-il. Le programmeur a donc dû plancher sur différentes options pour utiliser chaque parcelle de mémoire disponible, sans modifier les paysages fournis par le client. " C'était tout un défi pour commencer, car le temps était compté si je ne voulais pas retarder toute la production. Et si je n'avais pas trouvé comment surmonter cette difficulté, il aurait été impossible de produire le jeu. "

S'il est encore ingénieur junior - " Je ne me suis toujours pas inscrit à l'examen ! " - , Frédéric Rodrigue a finalement réussi à faire sa place. Quatre ans après avoir décroché son diplôme, il est maintenant chef programmeur. Son boulot ? Coordonner l'équipe de cinq programmeurs, mais aussi s'assurer que les idées des concepteurs pourront se traduire en langage informatique. " On veut toujours intégrer de nouvelles idées, mais il faut parfois faire des choix pour respecter les échéanciers, les coûts de production et les limites de la console. "

MARIO CIARAMICOLI

À la conquête

de l'espace

Même s'il n'a été embauché par l'Agence spatiale canadienne (ASC) qu'en décembre dernier, Mario Ciaramicoli est conscient du rôle primordial qu'il doit jouer.

" Quand on voit un satellite exploser en vol, c'est vraiment dévastateur. On sait que, derrière, ce sont des années de travail qui s'envolent ", dit l'ingénieur en génie électrique. Il n'y a donc pas place aux approximations ! " Être rigoureux dans mon travail est un devoir. Il faut poser les bonnes questions, se documenter, ne laisser planer aucun doute. " Si sa maîtrise en études spatiales de l'Université internationale de l'espace à Strasbourg l'a bien préparé à son poste, Mario Ciaramicoli a néanmoins dû mettre les bouchées doubles en arrivant, puisqu'il travaille sur deux importants projets de satellites. " Les projets sont tellement complexes et cela peut prendre du temps pour s'y retrouver. Il y a énormément de choses à apprendre, même si ma maîtrise m'est utile tous les jours ", explique-t-il. Il est bien entouré, puisqu'il fait partie du programme de formation offert aux ingénieurs de l'ASC.

Mario Ciaramicoli a également dû apprendre... la patience ! " En sortant de l'école, on brûle de voir se réaliser les projets auxquels on s'associe. Mais avec l'expérience, j'ai vite compris que l'échelle de temps est différente dans le domaine de l'aérospatiale. Quand un satellite est en orbite, il est difficile de le réparer. C'est pourquoi nous utilisons la technologie la plus rigoureuse, la plus testée. " Ce qui demande du temps, et beaucoup de boulot !

L'Association des ingénieurs-conseils du Québec a récemment lancé www.legeniededemain.com afin de présenter les activités des ingénieurs-conseils aux jeunes.

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