Chrysler mise sur l'entreprise ontarienne Electrovaya

Publié le 03/04/2010 à 00:00

Chrysler mise sur l'entreprise ontarienne Electrovaya

Publié le 03/04/2010 à 00:00

Electrovaya vient de remporter une manche dans la course pour développer la meilleure batterie pour voiture électrique.

Le constructeur d'automobiles Chrysler vient de lui accorder le contrat de fabrication des batteries au lithium-ion pour les 140 camions Dodge Ram hybrides branchables qu'il veut fabriquer au cours des trois prochaines années.

" Cette année, Chrysler sera un leader dans la construction de voitures hybrides branchables ", assure Sankar Das Gupta, pdg d'Electrovaya. Le fabricant, dont le siège social est au Michigan, fait partie d'un club sélect d'entreprises qui ont annoncé leur intention de construire plus de 100 voitures de ce type. Pour en voir d'autres en construire davantage, il faudra attendre 2011.

L'entreprise ontarienne a d'ailleurs recruté l'ancien pdg de Chrysler, Tom LaSorda, comme conseiller et membre de son conseil d'administration.

Marché encombré

Depuis sa création en 1996, Electrovaya a investi environ 80 millions de dollars dans sa technologie de batterie au lithium-ion.

Pour l'instant, l'entreprise reste de petite taille, et son chiffre d'affaires était de moins d'un million de dollars au dernier trimestre de 2009. Cependant, Electrovaya n'entend pas en rester là. À l'instar de dizaines d'entreprises qui occupent ce créneau, elle tente de faire sa place.

Le marché des batteries pour voitures électriques est appelé à exploser au cours des prochaines années. Mais il est encombré : même le Canada compte plusieurs acteurs, dont Bathium Canada, filiale québécoise de la française Bolloré, à Boucherville.

Cependant, la technologie d'Electrovaya multiplie les succès. Elle a été choisie par Tata Motors pour sa voiture électrique Indica. L'entreprise Miljo Grenland/Innovasjon doit construire une usine en Norvège, basée sur sa technologie. Elle devra payer des redevances à Electrovaya une fois la production enclenchée.

Pour ce contrat, la technologie d'Electrovaya rencontre celle de TM4. Tata a choisi cette filiale d'Hydro-Québec pour fabriquer les moteurs électriques qui propulseront l'Indica. " TM4 a fait un travail magnifique avec son moteur et son système de contrôle de puissance ", dit M. Das Gupta.

En outre, l'entreprise a participé à la mise sur pied de Phostech Lithium, de Saint-Bruno, qui produit du phosphate de lithium pour les batteries utilisant ce composé. " Toutefois, nous avons vendu nos actions quand nous avons changé de matière première ", dit M. Das Gupta.

Dans la course à la meilleure batterie, les voies des deux entreprises se sont séparées. Electrovaya utilise aujourd'hui des cathodes faites de manganèse, alors que Phostech mise sur des cathodes de phosphate, moins coûteuses.

Stockage des énergies renouvelables

Sankar Das Gupta veut également investir le marché des batteries pour le stockage d'énergie en grande quantité. À moyen terme, ce secteur devrait s'avérer plus prometteur encore que celui des véhicules.

" Nous développons une batterie capable d'emmagasiner 1,3 mégawattheure ", soit 1 300 kilowattheures. C'est assez d'énergie pour alimenter un foyer québécois pendant un mois !

Ce mastodonte sera 100 fois plus gros que les batteries d'Electrovaya pour voitures. En fait, elle sera plus grosse qu'une voiture !

Selon les recherches de M. Das Gupta, le marché des batteries pour véhicules électriques vaut 78 milliards de dollars américains d'ici 2020, alors que celui du stockage de l'énergie est évalué à plus de 600 milliards, pour les 10 à 12 prochaines années !

Le président américain Barack Obama investit dans des réseaux de distribution électrique intelligents (smart grid).

Par exemple, ils permettront aux parcs éoliens d'acheminer leur électricité dans une batterie quand il vente et que la demande électrique est faible, puis d'alimenter le réseau à partir de cette batterie quand il ne vente plus, en pleine heure de pointe, au moment où les kilowattheures coûtent le plus cher.

En février, CEATI International, une entreprise de recherche en électricité installée à Montréal, a d'ailleurs choisi Electrovaya pour un projet-pilote de 7,5 millions de dollars américains dans ce domaine. Le projet est financé par de grands fournisseurs d'électricité, des universités et le gouvernement fédéral, par l'entremise du Fonds pour l'énergie propre.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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